ECHO DE CH’NORD Poézine gratuit et aléatoire
Trimestriel N°77. Hiver 2015/2016
Les auteurs sont seuls responsables de leurs écrits
Yvette Vasseur. 9, rue de la Gaieté 59420 Mouvaux
e-mail : yvette.vasseur@orange.fr http://yzarts.over-blog.com
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Le rapport aux armes
Mon père, une fois veuf, avait tendance à raconter ce qu’il avait subi durant la guerre 39-45. A la déclaration de guerre il avait 17 ans. Il aurait dû se rendre et aller en Allemagne pour faire le Soutien au Travail Obligatoire. Mais lui qui avait commencé à travailler l’année du front populaire, n’apprécia guère ce travail obligatoire, imposé à un peuple d’ouvriers qui avait gagné des droits. Il parti, comme beaucoup, sur la route de l’exode. Mais comme il était sans le sous et avait faim, il s’arrêta dans les fermes de la Somme où il travailla comme valet et pu manger à sa faim. Il travailla dans les sucreries, travail déclaré mais saisonnier. Quand il n’y eu plus de betteraves à transformer en sucre, il reçu un document en allemand en provenance de la « commendature » : Il fallait qu’il se rende.
Sa mère veuve vivait à Lille, il ne voulu pas qu’elle soit inquiétée par sa « désertion », alors il prit un train….
Dans le train, les policiers étaient français, à la solde de l’occupant. L’un d’eux le mis en joue, parce qu’il n’était pas en règle…
- Un compatriote s’était cru fort avec une arme.
- Se soumettre pour rester parmi les plus forts.
- Avoir le droit de vie ou de mort sur les autres parce qu’on vous donne une arme.
Il fut conduit et dû fabriquer de l’armement et manipuler du plomb, mal nourrit, il voulu se rebeller et s’enfuir, là encore, il fut rattrapé et mis en joue…
- les armes sont faites pour vous soumettre.
Mon beau-frère a gagné un fusil dans une loterie, il cru bon l’offrir à mon mari. Quand nous avons emménagé dans une petite maison d’angle de rue, il n’y avait guère de jardin où il aurait pu tirer sur des cibles. Il s’est mis à tirer dans les carreaux d’une maison abandonnée située dans une cours derrière chez nous…
jusqu’à ce qu’un voisin vienne lui dire que cette maison lui appartenait et que ses petits enfants allaient y jouer le dimanche… Ce jour là, mon mari était très pâle. Il a pris conscience de sa bêtise…
- une arme peut faire de vous un assassin par inadvertance…
Laissons les armes à ceux qui ont choisi d’en faire un métier : soldats de métier, gendarmes, policiers. Si nous sommes en guerre il faut rétablir la paix sur nos territoires. Il ne faut pas ajouter de l’horreur à l’horreur. Que celui qui en a la vocation s’engage dans l’armée, dans la police, dans la gendarmerie. Il n’est aps indispensable d’imposer le service militaire à des jeunes qui ne se sentent pas concerné par cette notion de « service armé ». Il existe d’autres engagements pour les jeunes :
- le service civil, - le secourisme, engagement dans la Croix rouge ou d’autres ONG de secours à la personne. On peut servir son pays sans prendre les armes…
je suis une femme et je l’ai fait dès l’âge de dix huit ans en participant et aidant des jeunes qui faisaient leur service civil à une époque où toute publicité sur l’objection de conscience était interdite. Plus tard j’ai travaillé au sein de la Croix rouge… C’est mon humble avis sur ce sujet… à vous de faire le votre. YZA le 22/11/201
LE MONDE CRAQUE
Le monde craque ainsi que banquise au printemps
Emportant brusquement, de maelströms étranges,
Les grands pans lézardés d’un bonheur sans mélange.
Les bulldozers se font les complices du temps
Pour nous spolier des lieux où nous fûmes enfants,
Où nous avons aimé celle qui fut un ange.
C’est la neuve saison et notre monde change
Et nous laisse pantois dans l’inconnu béant
Créant de nouveaux dieux dépourvus de légendes
Auxquels nous croyons moins, pareils à des jouets
Incapables d’aider à percer les secrets
Du monde mystérieux que nulle propagande,
Nulles complications, chéries des techniciens,
Ne peuvent rendre moins hostile au faible humain.
Paul Bensoussan (inédit)
Noël la paix entre le ciel et la terre
Noël la fête des enfants
Où rayonnent les visages charmants
Noël vient réchauffer la terre
Avec ses torrents de merveilles
La paix revient chaque année
les plus beaux rêves
Les sourires sont sur les lèvres
La poésie enflamme l’univers
Noël ce sont les larmes du bonheur
Quand le soleil renaît dans les cœurs
Nos âmes s’habillent de lumière
Sous la neige immaculée si belle
Noël de paix et d’espérance
Transforme la beauté en quête de sens
La fraternité sous le ciel de l’innocence
Fait vibrer les cœurs au milieu du silence
Noël c’est à chaque fois
La prière des hommes qui s’élève
Par la résonance de l’amour sur la terre
Qui se répand en perles divines sur l’univers
Eva Borgus
Le Rêve et le Réel
Rien ne se passe jamais comme on voudrait !
Sans cesse, la vie se plaît à faire des pieds-de-nez.
Seul l'ordre des jours est invariable dans ce temps qui nous dépasse. La fin des chansons passe avant leurs débuts. Minuit à la place de midi !
Quand on est petit, cela contrarie fort.
En grandissant, on se détache de plus en plus des faits et des événements quotidiens. C'est comme si on se barricadait à l'intérieur de soi-même pour laisser les années sur le seuil !
C'est rare que nous soyons satisfaits pleinement par tout ce qui arrive tous les jours. Les choses se déroulent comme les rivières que l'on ne peut scinder en morceaux.
De la veille au lendemain, pas de cassures, d'arrêts prolongés, de pauses qui nous permettraient de répondre à tant de mystères jamais élucidés !
Dans les rêves on peut connaître la réalisation la plus proche De nos désirs et projets les plus divers.
Mais la réalité bafoue
L’onirisme …
Ainsi va le monde !
Brigedouce
Le poème est chose
Si délicate
Qu’on ne saurait
Trop Modestement
L’aborder
Il faut beaucoup
De simplicité et de candeur
Pour écrire un vers
Neige
Nous ne sortons pas indemnes
De ses lents versets
Écrits à l’encre vive du marais.
Le sommeil embrume notre mémoire
Et il nous faudrait maintenant nous blottir
Contre les racines chaudes de sèves et de promesses,
Ne plus faire qu’un corps,
Qu’une étreinte
Et dormir,
Rêves mêlés,
Comme le font les bêtes
En manque d’été.
Gérard Cousin
Égarés dans les pénombres
D’une chambre à coucher
Où les fantômes épatants
Suintent des murs
L’enfant reconnaît les visages
De ces aïeux
Délabrés dans les sphères Immortelles.
Walter Rulman
Je vivrai par-delà la mort,
Je chanterai à vos oreilles
Même après avoir été emporté,
Par la grande vague de la mer
Jusqu’au plus profond de l’océan.
Je m’assiérai à votre table
Bien que mon corps paraisse absent,
Je vous accompagnerai dans vos champs,
Esprit invisible.
Je m’installerai avec vous devant l’âtre,
Hôte invisible aussi.
La mort ne change que les masques
Qui recouvrent nos visages.
Le forestier restera forestier,
Le laboureur, laboureur,
Et celui qui a lancé sa chanson au vent
La chantera aussi aux sphères mouvantes.
Khalil Gibran
Au-delà des océans et des terres
Il y a un monde de sable
Une terre chaude
Où le jour se perd
Dans les songes du désert
Un aigle plane
Dans cet océan bleu
Les ailes étendues
En plein soleil oublié
Telle une crucifixion
En lumière
A chaque pas
Le vent roule
Le miroir des oasis
Et dissout
Les papillons sur mon front
Le désert s’étend en moi
Vaste comme la douleur
Paisible comme l’ondée du silence
Michelle Hourani
JE RESTERAIS QUAND MEME
Si on me fait plier
Sous le poids de leur joug
Exigeant la génuflexion
Des esclaves
Je ne céderais pas
Je jure
A leur désir fou
Même si comme un chien enragé
On m’entrave
En moi L’essence de la Liberté
Ferment germe éclos
Devient la plus belle des fleurs
En moi Le sang chaud des purs sangs arabes
Chante bouillonne dans mes veines
Mes artères et mon cœur
Qui êtes vous pour asservir
Mon âme si fière
Je suis ce que vous êtes
Corps, âme, esprit et nerfs
Pourquoi, devrais-je soumise
Servir de siège
A vos idées chimériques
Au poids de liège
Courrez toujours
Ma foi est inébranlable
Ma décision de fer
Je veux vivre
Survivre ne m’intéresse Pas
Je vous aurais un jour
Et vous jetterais bas !
Il ne vous appartient pas
De mâter mon âme
Il ne vous appartient pas
De me couvrir de blâme
La liberté hante mes désirs
Et mes gestes
Elle m’habille et en amour
Elle se manifeste
Je survivrais
Dans les yeux des enfants heureux
Dans le cœur extasié
Des jeunes amoureux
Je hanterais vos esprits
Comme une fée sacrifiée
Pour avoir touché
A ma vie sans vous méfier.
Fatima Lazri
On te fera porter le fardeau de quelqu’un d‘autre
L’origine de tes douleurs ne sera pas comprise par l’équité, la justice...
Dans le futur, tu seras accusé indépendamment de ton passé!
Il y en aura qui voudront profiter De ta vulnérabilité… de tes rébellions contre les injustices…
Quant à ton père porte-faix de violence
Subira la peine de ses grossièretés
En restant seul et sans personne
Malgré toi... L’origine de tes douleurs ne sera pas comprise par l’équité, la justice...
Dans le futur, ceux qui t’accuseront indépendamment de ton passé T
e feront porter le fardeau de quelqu’un d‘autre!
Üzeyir Lokman ÇAYCI
La part du vent
Dans la folie des hommes
La part du feu
Dans leur quête d’amour
La part de l’eau
Dans le baptême des corps
La part de l’Ange
Dans le meurtre avéré
La part du sang
Dans l’espace recraché
La part de l’ogre
Dans la curée des dieux
La part de l’ombre
Dans le silence enfin…
YZA 17/11/2015