Fin d’été début d’automne
L’aube a du mal à venir
Je ne regarde jamais du bon côté du soleil
Entre mémoire et désir
L’espoir sacrifie l’ombre de ses ailes
La nuit dessine ses délires
Peaufine les rêves
Avalanches mes angoisses
Alors
J’écris en lettres de vent
Sur la face du feu
Je danse au bord du présent
Sur la corde tendue des vœux
J’écris pour les siècles à venir
Pour que naissent de mes désirs
L’enfant de mes rêves
Quintessence de mon été
Transcendance de mes délires
Je lance mes filets
En quête de rêves
Mes pensées vagabondent
Le long des grèves où j’accoste
Ma figure de proue
Arbore mes sourires
Ceux que j’ai quand je chante
Au dessus de la houle
Mes barques de solitudes
Tirent des bords
Dans la tendresse des alizés
Ils me bercent
Dans le hamac des fantasmes
J’échappe au palais des glaces
Je casse les miroirs déformants
Je brise le sceau des secrets
J’ombre la page du vivant
Par l’étreinte d’une pensée
Je retrouve le chant du cœur
Par le pouvoir des mots
Par le pouvoir de cette terre
Je plante mes racines
Dans le cœur des hommes
Je suis le lierre le chèvrefeuille
Je tresse autour des cœurs
Une écharpe de chaleur
J’écris pour ne pas laisser mourir
Tout à fait les souvenirs
Pour ne pas laisser
L’ombre inquisitrice
Gagner en amertume
Sur la beauté et la lumière
Fleur à la boutonnière du temps.
J’écris des mots pour personne
Sur cette feuille qui me pardonne
D’épancher mon âme sur elle
Quand le cours de la vie
Laisse derrière elle
Des flaques de solitudes
Des fragments de vécu
Coquilles vides des amours mortes
J’emplis mes bouteilles à la mer
Chargées des messages
De mes rêves brisés
Et détresses qui n’auront jamais trouvé l’oubli.
Et je renonce à traverser les rues
Pavées de pierres rajeunies par l’or
A voir la peau et les os
Des cités sans âmes.
Je renonce à marcher
Sous le ciel atomique
Des capitales métalliques
Où les hommes ne peuvent
Ni marcher ni parler librement
Je renonce à les voir marcher
Avec la bible et le fusil
L’univers des dieux pèse trop lourd
Sur mon cœur
Je ne suis qu’un vagabond
Qui a découvert la lumière
Dans cette cape rouge
Tant que j’en étais à genoux
Mais cette époque dément
Mystifie les défauts
Et rend tout difficile
Je ne suis plus cet enfant
Du mystère si beau
Qui me reste juste une île
Une île sur le pendant du ciel
Pour mettre du silence
Sous les paroles des prophètes
Pour repêcher l’âme
Et secourir l’homme
Pour écouter chanter le vent
Dans l’enchantement d’un rêve à inventer
Pour un voyage buissonnier
Et un bateau à prendre
Pour dormir dans l’eau du désert
Pour n’être plus personne
Et renaître au destin
Mais j’attiens le col de ma destinée
Je me vois dans l’obligation
De descendre l’autre versant
Je me déleste peu à peu
Du poids des illusions
Et des espérances folles
Sur ce versant calme
Je n’emmènerais que les souvenirs
Qui m’emmèneront à la sérénité
Qui m’aideront à supporter
Le poids des solitudes
Juste ce qu’il me faut
Pour supporter l’absence
Essayer d’oublier
Que trop souvent
Je suis morte à la société
Comme trois millions de morts
Qui marchent
Non recyclables
Dans un monde de travail jetable
J’ai appris à contourner la haine
Pour ne pas en faire un boomerang
Même si je regarde avancer le monde
Qui n’a pas de rétroviseur.
Je sais juste que la vie lutte
Entre ombre et lumière
La vie sous son vernis fragile
Qui craque sous les coups d’ongles
Quand le mal de vivre et partout
Je les sais authentiques
Les larmes mêlées de sourires
Quand il s’agit de dire
Pour ne pas mourir
Etouffée par le poids du passé.
Avec les rêves qui se déplacent dans l’espace
Avec ses saisons qui nous tourmentent
Et nous réinventent
Quand il est temps de partir
Et de bannir
Pour ne pas finir martyr
Je sais que la vie nous prend
Et nous secoue
C’est un miracle d’être debout
Nos yeux pour seule lumière
L’Amour pour seule prière.
Car parler seule n’est pas dire la vérité
Elle est ailleurs
Perdue derrière ses sept voiles
Sa mise à nue dépend de notre regard
De notre capacité à la désirer.
Parler seule n’est pas dire la vérité
C’est juste soulever un voile
Et renoncer à toucher la chair
De ce qu’un peuple pourrait dire
Si seulement on regardait sa danse
Quand les cercles s’enroulent
Se déroulent autour des libertés
Et des contraintes
De tous les crucifiés
Par deux mil ans de promesses
Je suis juste
Quelques points de suspension
Sur l’éternité de la mémoire collective
Qu’en l’histoire se prête au jeu.
Je marche sur la ligne du temps
Je danse au rythme de mon cœur
Je danse sur la ligne de mon âme
Cependant rien ne peux commencer
Quand au-delà de moi
Autour de moi
Partout où je vais
L’amour est endigué par la raison
Je sais tout cela
Tout est amour
Et tout doit grandir
Tout le destin connu
Est amour est doit être révélé.
Le destin est ce que je fais
Quand je suis moi-même
Ce que je suis avant d’avoir été
Tout ce que je veux donner à être
Ne tient pas dans la révolte
Ca ne se justifie pas
Je veux juste Etre
C’est pourquoi
Le plaisir et le pardon
Me suivent
Chaque jour
De ma vie
Plus vite qu’un cheval au galop
Plus prompt qu’un rayon de lumière traversier
C’est la place
Le plein espace
Où demeurer
Il me reste les images d’autrefois
Que j’effleure du bout des doigts
Propriétaires de ma mémoire
Témoins à la barre du procès
Des années volées à la jeunesse
Et je les aime
Ces visages à jamais perdus
Dans les couloirs du temps
Même si l’eau coule
Entre les pierres devenues chatoyantes
Au soleil de septembre
Ils restent en filigrane
De mon âme
Je sais qu’ils furent les guides
De mes pas de femme enfant
Ils ont prévenu mes colères
Consolé mes chagrins
Affûté ma pensé
Et attisé mes rêves
De les avoir connus
Je suis moins seule
Ils m’accompagnent
Je tresse mes souvenirs
Avec leurs cheveux blancs
Je croise les envols de colombes
Avec le bleu de leurs yeux délavés
J’invente mon nouveau rythme
Pour leur emboiter le pas
Aujourd’hui la lumière est plus forte que la poussière
Chaque jour je conjugue
Avec le bonheur ou l’angoisse
Quelque soit la proposition du jour
Je cherche la beauté et l’épanouissement
Je marche sur la pointe du cœur
En équilibre sur l’arc en ciel des sentiments
Je respire plus large
Quand mon cœur bat
Je sors de ma coquille
Là où s’abrite ma petitesse
Le bonheur danse en filigrane
De ma vie
Si je le laisse à cette discrétion
Il suffit d’une haleine d’amour
Pour lui donner toute sa couleur
Alors j’oublie le silence
Tellement peuplé de bruits
Qu’il en est devenu impossible
Et quand je suis loin de tout et de tous
Il reste le vent qui siffle
Parmi les pierres de la lande
Le ressac de la mer
Et je marche sur les traces de nos ancêtres.