MARTINOIRE
De ses plages d’herbes tendres
De ses flots d’avoines blondes
De pierres bleues
De ses sentiers glaises et silex
Cailloux durs aux tempes des garçons chahuteurs…
De ses pavés parquets luisants
Glissades au coin de l’hiver
De ses repaires abris de guerre
De ses tunnels sous chemin de fer
De ses glanes d’automne
Terre durci sous l’outil arrachant
Aux sillons les derniers vestiges
D’une récolte
Pour en remplir un panier…
De ses cris d’artisans
Rémouleurs, chiffonniers poissonnier
Qui éveillent la rue
De ses grandes balades
De ses horizons larges
Sans traces de frontières
Juste repérable au képi du douanier
Entr’aperçu dans sa guérite…
Quand un autre pays commence
Au bout de la rue…
Des envols de pigeons
Aux cris des hirondelles
De ses yeux du jeudi
Ignorant la télé
De ses vielles voitures
Tableau de bord aventures
De ses sous-bois d’orties
Où cueillir les roses aux bois dormant
Pour la fête à maman…
De ses brassées de fleurs
Parfumant nos étés
De ce peuple d’insectes
Bruissant sous le soleil
De ses jardins secrets…
Ma mémoire me rappelle :
Grandir en « no men’ land »
C’est vivre en liberté
Londres, mai 1969
Moi de mai
Soleil sur la ville de Londres
A Trafalgar-square
Assis près de la fontaine
Un vieux clochard barbu, couleur muraille
Dessine sur un bout de papier son plus cher désir
Un verre de vin…
Il lève les yeux vers moi et ne dit rien
Pour quelques « shillings » il me dit ce qu’il veut.
Mais son regard semble me dire
« Et toi, c’est quoi ton rêve ? »
Mon rêve,
C’est ici et maintenant
Le soleil me surprend
Et tout y est magique…
Ville calme à la fois digne et juvénile
Pleine de tradition et en perpétuel mouvement…
La mini jupe y côtoie le chapeau melon
Les hippies croisent les « bobbies » avec le sourire
Les gens savent encore prendre le temps de sourire…
Je n’ai pas croisé un seul regard angoissé de la journée…
Est-ce le soleil ou le flegme britannique… ?
Je me croyais dans l’univers de « Mary Poppins »
Tout le monde avait l’air heureux de vivre
De la caissière du salon de thé
A l’homme d’affaire qui leva son parapluie pour nous saluer…
L’image la plus douce est celle du parc de Buckingham palace
Avec ses jardins à la française dans le quartier des ambassades à St James square
Juste un peu ouaté de brume les parterres de fleurs sont si harmonieux
Tout y est calme t volupté les canards et les moineaux viennent vous manger dans la main
C’est une vraie réserve d’oiseaux…
Je n’oublierais jamais comme me sont apparu grands
Ces deux pélicans qu’un gardien venait de nourrir
Et l’aille ensanglantée de l’un des deux…
Il s’était battu avec son compagnon
Pour une femelle qui attendant à l’écart…
Aujourd’hui mes rêves sont différents
Mais voilà, vieil homme, je me souviens de toi
Je viens seulement te dire
« j’ai aimé ta ville »
HAMED DORT A BISKRA
Hamed dort à Biskra
Dans le sable d’une dune
Sous un croissant de lune…
« Quand j’irais là bas, mes sœurs m’ouvriront les bras et je pourrais embrasser leurs visages dévoilés.
Au dernier jour du ramadan, ma mère portera ses bijoux
On appellera les enfants pour les prendre contre nous
On boira du thé à la menthe on mangera des gâteaux au miel
Et puis les voisins viendront remplir de rires la maison.
Les ânes dans les rues en pente monteront à l’assaut du ciel
Et les chameaux dans les herbages se reposeront du voyage.
Quand Saoula se mariera on mangera tous dans le même plat
Toute la nuit on dansera, chacun notre tour au son du tambour
En attachant autour des reins,
Des foulards de soie et de satin… »
Hamed la haine a eu raison de toi
Le racisme rend furieux
Ceux qui montrent du doigt
Mais moi je ne t’oublierais pas
Tu dors dans le sable d’une dune
Sous un croissant de lune
GALERIE
Lumière douce femme enfant
Sur le lit des champs
D’un été joyeux s’étire
Délire parfois…
RENOIR
Qui a pu saisir ses regards étranges
Ces silhouettes longues
Ces yeux inoubliables
Ces yeux
Qui me poursuivent
Jusqu’à l’aube de mes nuits…
Ce sont tous tes regards
MODIGLIANI
Tes mouvements farouches et libérateurs
Ta quête incessante d’absolu
Menant peu à peu à la folie
Ces mouvements qui caressent
Fouettent le vent…
Le vent qui me hante et chante
Parfois en moi…
Toi, le presque « pays »
VAN GHOG
Tu n’en finiras jamais de te noyer
Dans les cristaux de tes tableaux
Vitraux où le clown prend une allure de saint
Et le pierrot géant
Tout habillé de rêves bleus
Prend des allures de demi-dieu…
A jamais perdu dans la cathédrale de tes rêves
Souffrant et vibrant à chaque pas
Un peu comme moi…
ROUAULT
Déchiré, éparpillé, éclaté
Et pourtant intègre
Tellement présent
Je revois la dame aux yeux multiples
Tel un insecte
Et pourtant tellement cohérent
Je me réinvente à te regarder
Vivre sur ces toiles miroirs
A toi l’infini retrouvé…
PICASSO
Amis des rêves
Des villages au bord du chemin
Des silhouettes qui ondulent
Sur les routes entre mêlées de tes rêveries
J’entre à pas comptés, à pas perdus
Sur le pastel de ces jours
D’une infinie tendresse
D’un éternel printemps
Et si je parcours les méandres
De ces sentiers imaginaires
Qui sait ?
Peut-être là bas on m’attend
Le sais-tu toi ?
CHAGALL…
Les bateaux
Près du canal à l’arrière du port
Vivait un monde rythmé par les efforts
Dockers, marins ; grutiers…
C’est là que j’ai grandi dans les bruits des chantiers
Mon père y travaillait avant que ses mains ne tremblent
Les hommes y construisaient des bateaux tous ensemble
Leurs coques blanches et bleues miroitaient
Au soleil du printemps quand on les emmenait
Voiliers et chalutiers épousaient l’océan
Voyageurs de l’été ou bouffeurs de gros temps…
Sur la plage là bas, sur les côtes du nord
Des bateaux se reposent certains disent qu’ils sont morts
Leur coque est vermoulue ils n’ont plus de couleur
Le temps les a rompu et rongé jusqu’au cœur
Et ils dorment tranquilles
Etendus sur le flanc
Se laissent caresser au bon gré des courants
Moi je sais qu’ils portent en eux la mémoire des hommes
De ces moments silencieux mer d’huile calme comme
Un étang de Sologne
Ou de ses rugissants du sud de l’atlantique
Des peurs bleues aux instants où tout semble tragique…
Du bateau que l’on fait au bateau qui s’endort
Les hommes ont rêvé à des îles aux trésors
Ils ont fermé les yeux
Devant tant de décors
Ont suivi l’oiseau bleu et s’en souvienne encore
Même quand le bateau est mort
Jusqu’à leur propre mort…
Elles ne sont pas voilées
Mais elles détournent le visage
Une photo pour elle porte trop de messages…
La soupe fume dès le matin
A l’arrivée du train…
Rondes futures mamans
Elles passent la frontière
Puis s’allègent au tournant
Habiles contrebandières
De couvertures en laines de lamas
Ornées de motifs incas...
Elles étaient les dernières
Etaient-elles prisonnières ?
Etait-ce leur volonté ?
Il n’y avait que des femmes
À Matchu-Pitchu…
Superbes regards sombres
Vos mains jamais ne tremblent
Elles suivent la route du soleil…
Un condor passe dans le ciel…
Qui peut dire quelle est la prière
De cette femme au milieu du chemin
Silencieuse, immobile, sans chagrin,
En communion avec la terre…
Femmes porteuses de mystères…
Etranges et insondables lumières…
La musique que j’aime
La musique que j’aime est une voix amie
Elle s’endort dans mon oreille les doigts posés sur ma mémoire
Alan fait surgir le ruisseau clair qui gambade jusqu’à lamer
Quelque part passe une frontière entre la France et son pays
Mémoire de roc celtique et j’en ai passé la barrière…
Sur la samba je plonge dans la baie de Rio
Les tramways surchauffés montent jusqu’aux favelas
Une guitare prend des accords
Sur la chanterelle de mon cœur
Je plonge au cœur du Brésil…
Jean-Jacques sur son bateau de bois noir
Mange du poisson de la tortue
Arrive chez les jivaros qui vivent nus
Au bord du grand fleuve boueux
Et leur musique percussion
Attire toute son attention
Bien loin de la flute des Andes
Leurs bouts de bois creux résonnent
Chant obscur de l’Amazone…
Un violon me parle de l’Acadie
Les cuillères sautent sur mes genoux
Bob m’avait parlé de là-bas
Des indiens blonds du canada
Et des forêts de l’Alaska…
La musique que j’aime
Coule en mon âme comme un poème.
FETES
On a lavé les verres
Vidé les cendriers
Et sur un coin d’hiver
Refermé les volets
Tout le monde est parti
On s’endort sur la nuit…
Quand la fête est finie
L’espace devient grand
Comme une église vide
Pour les yeux d’un enfant…
Mes fêtes à moi
Quand revient le silence
Le passé de mes joies
Su les routes de France
C’est des visages flous
Dansant dans les remous
Des vagues de la mémoire…
Des dessins sur le sol
Pour une maigre obole
Des émaux, des bijoux
Que l’on vend quatre sous…
Une fille qui danse
En robe d gitane
Autour d’un feu de bois…
Quand on vit ce qu’on pense
Contre ceux qui condamne
Jusqu’aux bouts de nos joies…
C’était des flûtes indiennes
Et de vieux tambourins
On oubliait nos peines
On vivait sans chagrin…
La mer et les étoiles
Vivaient dans nos chansons
Tout droit vers l’horizon…
Et mes fêtes au passé
Se couchent sur le papier
Papillons enlacés…
ESCALES A TORD
Escale à tord
Qui peut dire les raisons
Qui nous poussent à faire un choix
Ici tout n’est pas comme chez moi
« Y a vraiment rien de plat »
Il Faut se pousser
Poser le pied
Sous terre ou dans les airs
Faut marcher, faut grimper
« Y a vraiment rien d’immobile »
Dans cette ville !
Des visages inconnus
Au bout de l’avenue
Des visages géants
Projetés sur grand écran
Mon cœur set comme ces arbres
Aux branches et aux troncs gris
Qui gardent de l’été
Quelques fruits rabougris…
Au milieu du décor
Escalator
Escale à tord
Il y a une frontière là bas
Qui se rit des roues
En prenant des couleurs
Qui dansent avec la mort
En habit de carnaval…
Je m’y promène encore
Et puis quand je m’ennuie
Je prends l’Escalator…
Le clown arrive encore une fois
Sur la piste baignée de lumière
De ce spectacle il est le roi
Avec ses gestes et sa misère
La forêt restée au vestiaire
L’attend pour mieux le dévorer
Mais pour l’instant dans la lumière
Il voudrait juste l’oublier
La funambule sa sœur son amie
Marche là haut sur son nuage
Et parfois des yeux il la suit
Tremblant de peur pour son jeune âge !
La funambule danse en silence
Oubliant qu’elle pourrait tomber
Et vers l’autre planche, elle s’avance
Avec grâce et légèreté
Elle vit son rêve de porcelaine
Perdue sur un fil bleuté
Chassant son angoisse et sa peine
Son âme vibre à éclater.
Le clown voudrait tant l’appeler
Mais il ne peut rien faire pour elle
Car le spectacle est commencé
Car sa danse est bien la plus belle
Et le clown ne peut que trembler
Pour sa moitié d’âme qui plane
Mais elle continue à danser
Même si elle sait qu’elle se damne !
LE VOYAGEUR
Il vendait des bijoux
En or à quatre sous
Portait autour du cou
Un symbole bizarre…
Il voyageait, aéroports ou gares
Et sa voix douce flottait sur sa guitare…
IL venait de nulle part
Il n’avait pas d’histoire
Et ses chansons ne parlaient pas de gloire…
Il roulait son tabac sur sa cuisse
Portait des cheveux longs et lisses
Parfois ses yeux se fixaient sur ailleurs
Se tournaient vers son aventure intérieure…
Comme on cueille un fruit
Selon la couleur et l’envie…
L’HOMME DE POUSSIERE
Il arrivait tout droit de son lopin de terre
Il avait dans les yeux ses souvenirs tranquilles
Les secrets du ruisseau et des champs de bruyères
Mais qu’ont- ils fait de lui tous les fous de la ville ?
Il avait dans le cœur des espoirs fragiles
Et il voulait juste oublier sa misère
Son village brûlé par des guerres imbéciles
Que mènent ici bas les tyrans de la terre.
Il a laissé derrière ses souvenirs limpides
Mais on tire devant lui des rideaux de poussière,
Il voit dans les vitrines son visage livide,
On le laisse s’éblouir de toutes ces lumières…
Demain il sera là assis au même banc
Que d’autres étrangers déjà un peu ses frères
A regarder passer une foule de gens
Qui vont et viennent, sans joie et sans colère…
Jusqu’à quand gardera-t-il
Cet espoir docile
Que lui avaient donné les lumières de la ville ?
Il avait dans les yeux des souvenirs tranquilles
Qu’ont brisé les bombes d’une armée en furie
Il avait dans le cœur des espoirs fragiles
Mais que peut lui offrir la ville et sa folie !
L’HOMME FATIGUE
Un homme brun hier soir
A pleuré sur mes mains
M’a ouvert sa mémoire
Tout en m’offrant demain…
Cet homme avait si peur
Le temps coulait entre ses doigts
Sans qu’il puisse en retenir le bonheur
Qu’il voulait modeler pour moi…
E t c’est moi qui ai pris
Son visage dans mes mains
Et c’est moi qui ai dit
Les mots qui font du bien…
Et cet homme fatigué
De lutter à contre vent
A déposé son épée un instant
pour oublier la torture du temps.
L’homme qui s’envole
Imagine un homme qui s’endort doucement
Pour toujours
Il file droit vers l’horizon
Il a les ailes d’un géant
Traverse tous ls ouragans
Il voit tous les continents
Et il file, et il file, et il file…
Il perd la notion du temps
Il touche le soleil levant
Il file droit vers la lumière
Oublie toutes les frontières
Oublie les dieux les démons
Et trouve d’autres horizons…
Imagine un homme qui s’endort doucement
Pour toujours…
Il tire sur une corde d’argent
La brise dans un éclat de rire
Il rêve jusqu’au délire
Se trouve les ailes d’un géant
Ignore le jour et la nuit
Découvre d’autres galaxies
Et il file, et il file, et il file…
LE FILS DE SIMON
Le fils de Simon
Assis en haut du perron
Regarde passer les saisons
Puis s’en va jouer à la marelle
Et saute à pied joint dans le ciel…
Parfois en fermant les yeux
Il se dit que s’il y a un dieu
Il ne faut pas lui donner de nom
C’est le même pour les durs et pour les bons
Il se dit que s’il y a un dieu
Un jour, il le regardera dans les yeux
Comme on regarde le soleil
Toutes les choses qui émerveillent…
Le fils de Simon
Jette un caillou du haut d’un pont
Dans l’eau le caillou fait des ronds
Des ronds comme font tous les enfants…
Il se dit qu’il est heureux
De vivre avec ses parents
D’autres là-bas vivent en guerre
D’autres là bas vivent sous terre…
Fille de l’Inde cueillant le thé
fils du Pérou chevrier
Fille du Mali jeune épousée
Fils du Tchad guerrier…
Le fils de Simon
Regarde passer les saisons
Puis s’en va jouer à la marelle
Et saute à pied joint dans le ciel…
L’HOMME A COTE DE MOI
Il garde dans les yeux
La solitude du passé
De ses temps de l’enfance
Où toute absence vous est offense…
Il sait depuis longtemps
Les nuages des miens,
Les différences
Pourtant il ne dit rien…
Et quand je pars trop loin
Il le sait avant moi
Et quand je ne suis plus rien
C’est lui qui m’ouvre les bras…
Le temps nous as vu si fragiles
Traverser des orages difficiles
Il nous retrouve si semblables
Pétris d’une force redoutable
MES AMIS
Ils vivent sur le capital cœur
Ils savent qu’au printemps des hommes en noir
Viendront mettre leur lit sur le trottoir...
Malgré tous les diseurs, les sermons
Ils n’ont jamais su garder un rond
Et quand ils en ont c’est la fête
C’est aux amis qu’ils payent leurs dettes…
Ils vivent une éternelle adolescence
Entre la déprime et l’inconscience…
Mais il n’y a de mots plus sacrés
Pour eux que «gosses et amitié ».
Ces deux mots justifient tout
Parfois même devenir des loups
Mais quand on vit en marginal
On se crée sa propre morale…
Et quand ils flambent qu’ils me font peur
Ils me disent «t’embête pas petite sœur !»
Ce sont mes amis mes frangins
Avec eux y’a pas de chagrin
Je les regarde sans les juger
Je ne veux que les aimes
BILAN
Après les moissons piétinées
Les murs lézardés
Les remparts ébranlés
Les tranchées bombardées
Les pavés arrachés
Les barricades renversées
Les gaz retombés
Les canons refroidis
Les avions repartis
Les fusils retournés
Les casques abandonnés
Les chars retraités
Les drapeaux déchirés
Les morts sont enterrés
Les blessés béquillés
Les héros décorés
Les monuments dressés
Les veuves consolées
Les orphelins costumés….
On peut se réinstaller dans la Paix… ! ?
Le danseur
(A Jorge Don danseur étoile dans Nijinski clown de Dieu)
Le miroir t’invente les traits des épousailles
Orphée ne te retourne pas !
Marche !
Fragile !
Torturé !
Impétueux…
Clown digne et grave
Empêtré entravé par l’aveugle immonde
Danse contre le monde
La lumière t’embrasse…
Tu seras l’oiseau bleu
Non, Nijinski n’est pas mort,
Il dort
Tu l’éveilleras…
A l’absent
Mes mains caressent ton ombre
Comme l’oiseau caresse le nuage
Encore une fois ton regard m’échappe
Il dort comme l’opale
De la mer au couchant
Mon corps se remodèle
A l’empreinte que tu laisses en moi
Et je me couche en animal
J’hiberne de toi.
Vivre
Refuser la loi des moteurs
Courir marcher pédaler
Respirer bouger son cœur
Dans la lumière de l’été
Ou dans la neige de janvier
Savoir s’accrocher à la barre
Vouloir bouger face au miroir
Sur la musique danser des heures
Et sentir ruisseler la sueur
Aller plus loin sans avoir peur
Dans la quête du bonheur
VIVRE !!
L’ange
Viens maintenait et à jamais
Mon amour
Fais vivre ton désert mourant
Par la pluie
Et laisse ta vie sacrée
A la mémoire de tes peines
Libère toi de tout
Et tu pourras vivre mon amour
Et voir les étoiles
Enchanter tes nuits de veille
Et tu retrouveras le soleil
Et le sens magique de sa lumière
N’aie pas peur de te lever
Et de voler, quitte à tomber
Tu pourras voler
Et je pourrais vivre, mon amour
Et tu trouveras ton refuge dans mes yeux
Et si tu as peur de tomber
Prends ma main
Et tu pourras voler
LE TEMPS DU BERGER
Et je ne voyais que le vent
Qui descendait la cheminée
Du feu de bois qui nous chauffait
Dans la vielle auberge cachée
En amont d’un petit ruisseau
Qui vers la mer s’en allait
Du côté de St Malo…
Tu vois, disait l’ami André
Avec sa tête de berger
Et je les voyais qui passaient
Les nomades du temps présent…
Ils avaient des regards très bons
Leurs gestes simples témoignaient
D’une nouvelle civilisation
Où l ‘inutile était absent…
Tu vois, me disait le berger
Avec sa barbe de mille ans
Il n’avait pourtant que vingt ans
Et ses yeux miroirs m’envoûtaient…
Ils vivaient tous un autre temps
Où le présent n’avait plus cours,
Leur musique avait des accents
Qui me parlaient d’étranges amours…
Tu vois, me disait-il souvent
Nous partagions joies et tourments
Et malgré la nudité de leurs peines
La pudeur demeurait quand même…
De cet univers demi-teinte
Caché au creux d’une vallée
Il me reste encore des empreintes
Et je ne peux les effacer…
Tu vois, disait-il souvent
Et je ne voyais que le vent
Qui dansait dans toutes les futées
Du grand jardin qui s’endormait…
PIERROT LE FOU
Il modelait dans l’argile des champs
Les masques d’horreur des naufrages
Qui crachaient des injures au vent
Les jours de torpeur et d’orage…
Il rêvait d’écrire des histoires
Pour abolir le désespoir
Et faire des vieux des enfants
Mettre des rires sur les tourments…
Il voulait bâtir un musée
Pour y garder cristallisés
Le flamboiement des soirs d’été
Et les matins d’hiver givrés…
Il croyait aux roues de la vie
A un monde mystique qui crie …
La mort avait des attraits pour lui
Découvertes des artificiels paradis…
Il avait des yeux bien trop grands
Pour un visage ravagé…
Il avait l’âme écartelée
Entre l’amour et le néant…
Il avait un rire de dément
Quand il voulait défier l’ennui…
Le feu avait des attrait pour lui
Bien plus fort qu’un désir d’amant !
On l’appelait pierrot le fou !
Il était mon ami…