ECHO DE CH’NORD
Poézine gratuit et aléatoire Trimestriel N° 80
Les auteurs sont seuls responsables de leurs écrits
Yvette Vasseur. 9, rue de la Gaieté 59420
Mouvaux e-mail : yvette.vasseur@orange.fr
http://yzarts.over-blog.com
LES HABITS
Un tisserand dit alors : Parle-nous des Habits.
Il répondit : Vos habits dissimulent une bonne part de votre beauté, mais ne cachent pas votre laideur.
Et bien que vous cherchiez dans vos vêtements la liberté de l’intimité, il se peut que vous y trouviez un harnais et une chaîne.
Si seulement vous pouviez offrir au soleil et au vent plus de peau et moins de vêtements !
Car le souffle de la vie réside dans la lumière, et la main de la vie dans le vent.
Certains d’entre vous disent : « C’est le vent du nord qui a tissé les habits que nous portons. »
Et je réponds : Oui, c’est le vent du nord.
Mais la honte était son métier, et la mollesse des tendons son fil.
Et une fois son travail achevé, il a éclaté de rire dans la forêt.
N’oubliez pas que la pudeur est un bouclier contre les yeux impurs.
Quand les impurs auront disparu, la pudeur ne sera plus qu’une entrave et une souillure de l’esprit.
N’oubliez pas non plus que la terre aime le contact de vos pieds nus et que les vents rêvent de jouer avec votre chevelure.
Khalil Gibran « Le prophète ».
DEMAIN
Agé de cent mille ans, j’aurais encore la force
De l’attendre, o demain pressenti par l’espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir : neuf est le matin, neuf est le soir.
Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille
A maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.
Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent.
Robert Desnos (Etat de veille, 1942 )
LES OMBRES DE L'IGNORANCE
Face au futur
Libre de tout
Regarde au-delà
Où rien ne s’accumule…
C’est l’amour qui s’accumule
Et c’est l’amour qui tombe
La désillusion qui nous brise.
Les rayons du soleil brillent trop fort
Au travers des ombres de l’ignorance…
Apprend
Rien ne se crée sans proposition
L’ignorance est le choix de ne pas connaître.
Aussi, traverse Le désert pour aller plus loin…
Laisse ton rêve devenir réalité
Découvre les sentiments de ton cœur !
Pense que le soleil pourrait briller la nuit
Pense que les étoiles pourraient ne pas briller…
Je te soulèverais de mes mains
Et te regarderais grandir
Appelle-moi avec ton cœur
Laisse-moi écouter ton âme réjouie…
Laissez les peuples de la terre
Accéder à la connaissance
Le temps de l’évolution est arrivé
Débarrassé des jougs et du son du tambour…
Le futur corrige le rythme
Des mauvais influx nocturnes…
Laisse venir les choses
Laisse monter ta danse libératrice
Laisse le soleil se lever sur la colline,
Il sera toujours là !
Tu marches sur la ligne du temps
Tu danses au rythme de ton cœur
Tu danses sur la ligne de ton âme…
Cependant rien ne peut commencer
Quand au-delà de nous
Autour de nous
Partout où nous allons
L’amour est endigué par la raison…
Tu sais tout cela
Tout est amour
Et tout doit grandir
Tout le destin connu
Est amour et doit être révélé…
Le destin est ce que tu fais
Quand tu es toi-même
Ce que tu es avant d’avoir été !
Tout ce que je veux donner à être
Ne tient pas dans la révolte
Il faut juste Etre.
Et c’est pourquoi
Le plaisir et le pardon
Chaque jour de ma vie
Me suivront
Plus vite qu’un cheval au galop
Plus prompt qu’un rayon de lumière traversier.
C’est la place
Le plein espace
Où demeurer.
Texte d’Yvette Vasseur
Inspiré par le texte de Klaus Shuls
Musicien contemporain
« the shadows of ignorance » Album “Dune”
JE RESTERAIS debout ou assis pendant des heures
Ne pouvant rein faire
N’ayant t peut-être rien <à faire (Ni rien d’autre à faire)
Refusant la pente presque naturelle offerte
N’allant pas torcher les feuilles des arbres
Refusant le paysagisme
Je ne veux pas fermer els yeux
Mais cette volonté me vient d’un fond difficile à identifier
Mais forcené
Bien qu’elle prenne les airs du simulacre
On est assiégé par une violente absence de preuves
Ce n’est pas rien à dire
Mais une poussée de quelque chose hors langage
Un eczéma de crocodile
Rien
Rien de connu par ici et de « reconnu » : n’en parlons pas
Mais un frisson muet
Gérard Lemaire
NOUS REGARDONS le corps déchiqueté et sanguinolents
Nous regardons la souffrance comme une part de nécessité
Nous regardons les portes grimaçantes des gagne-pain se fermer
Nous regardons le nombre anonymes des virés
Nous regardons les faits mais pas les causes
Nous regardons l’information fragmentées et sponsorisé
Nous regardons les scénarios d’espoirs hués
Nous regardons avec fierté le design des bombes High Tech
Nous regardons la programmation de l’anéantissement de nos rêves
Nous regardons l’individu sacralisé sans les autres
Nous regardons les beaux parleurs remuer les lèvres
Nous regardons la vacuité se proclamant star,etc.…, etc.
Nous regardons les trophées de la torture des animaux
Nous regardons le religieux resalerla soupe de l’ignorance
Nous regardons le sourire mielleux des annonceurs de misères
Nous regardons l’air étouffer et l’eau pleurer nos déchets
Nous regardons les écrans imbéciles se trémousser
Nous regardons les journalistes en costume de Monsieur loyal
Nous regardons le narquois contentement du mensonge
Nous regardons les droits de l’homme conspués
Nous regardons la morale méprisante des intellectuels médiatiques
Nous regardons les êtres vivants déniés
Nous regardons le vivant comme si nous étions hors de lui
Nous regardons mais nous ne voyons rein
Nous sommes inexcusables
Bruno Toméra
DANS LE BRUIT DE LA VILLE
Où je suis enfermé
Ma voix sait encore se lever
Il n’y a pas un jour que je ne chante
Rien d’autre ne me console en ce monde
Rien d’autre ne me console en ce monde
Alors qu’il m’a tout volé
Volé l’ombre du vent, le chant des nuages
Le bleu des champs, le feu de l’horizon
Volé la danse du houx sur les talus
Les chemins de digitales roses et l’eau des chênes
Volé les lunes du jour, la semence de la nuit
Volé ma langue, volé mon pays
Il n’y a pas un jour que je ne chante
Pour oublier les ravages de ce monde
A l’école j’ai appris tant de mensonges
J’ai appris que l’eau des sources était sans vie
J’ai appris que la terre était sourde
Que les pierres étaient muettes
J’ai appris que le monde était bleu
Alors qu’il est rouge, rouge écarlate
Rouge quand le soleil se lève
Rouge le soir quand il se couche
Rouge les étoiles, rouge le lune
Rouge la brise, rouge la brume
Rouges les corbeaux sur les antennes
Rouge la pluie dans les fumées
Rouge le goudron noir, rouge feu
Rouge la mer que je n’ai jamais vue
Rouge est le monde
Et il rougit chaque jour un peu plus
J’entends un chant dans le vent fou
Il est aussi puissant que le soleil
Il est aussi radieux que la lune
Et aussi violent que le feu de la terre
Il n’a été chant qu’une seule fois
Au début du monde
Au début du monde c’était le déluge
La seconde fois se sera la fin du monde
Sans le vouloir à tout instant
Mes lèvres le cherchent
Mes lèvres le cherchent
Et cela me tourmente
Cela me tourmente
Et me rend heureux à la fois !
E trouz ar gêr : dans le bruit de la ville
Denez Prigent Traduction d’une chanson bretonne (par l’auteur)
LA PUTAIN
La putain
S’est couchée tant de fois
Pour le moral des soldats
Aujourd’hui La putain s’est allongée
Pour que le soldat
Ne parte pas
Elle s’est étendue
Au travers de la voie ferrée
En criant. « Putain de guerre »
Avec moi les mères !
Mais les Mères l’ont ignorée
Et leurs fils ont pris le train ...
Le train Qui est passé sur la putain
Marjan (dans N°109 de Poétic 7)
DEPUIS QUE L'HUMAIN EXISTE...
Il est probable que les humains se sont entretués à coup de pierres puis de lances
De nos jours, de la bombe au napalm à la bombe nucléaire, Il y a toujours des guerres
Combien de temps faudra –t-il avant que disparaissent les guerres de religions
De conquête d’un sol ?
Demain seront nous tous des esclaves ?...
Sauf un pourcentage qui, eux, seront les tyrans des consortiums d’argent
Toujours les riches.
D’autres luttent et meurent sous les balles ou sous la potence
Sur cette terre pour certains c’est le paradis pour d’autres l’enfer
Question de chance ou de malchance
GEORGES PIOU (in Elan N° 143)
CACHE DERRIERE
Caché derrière le silence
Le sourire de la musique
La couleur des yeux d’enfants
L’arc en ciel d’un soir
Après les pluies diluviennes
Caché derrière le silence
La peur des jours de bataille
La quête des jours meilleurs
La danse de l’amour
Le feu au coin de la rue
Caché derrière le silence
La honte des débâcles
La force des résurrections
La docilité de la Paix
Les bonheurs à venir