L’OMBRE DE LA POÉSIE
Cette ombre que je cherche
Transperce
Ma mémoire endormie
Cette ombre que je crains
En vain
Berce mes nuits d’oublis
Cette ombre que je porte
Dans les cohortes
Regarde mon ennui
Cette ombre que je pense
Présence
Au fil de toute une vie
Cette ombre est la présence
Qui donne un sens
A ma vie.
La poésie
Par le bout des mots
On se tient par le bout des mots
Par le corps à cœur de nos idées
Des souvenirs de nos rêves
Des rêves de nos souvenirs
On se regarde du dedans
Comment peut-on imaginer
Ne voir que l’âme d’un homme
Ses idées ses souvenirs ses inquiétudes
Ses utopies
Et ne jamais voir son visage….
Et pourtant nous le faisons
Sommes-nous morts
Sommes-nous vivants
L’écriture est ce vecteur
Qui va au-delà de la vie
Au-delà du physique
Cette part de nous lancée dans le vide du temps
Dans l’océan incertain de la postérité
On se tient par le bout des mots
Par le cœur à corps de nos poèmes
De nos lettres
Nous sommes les poètes
Une vie comme un désert,
Perdre des arbres des branches
Des chants d’oiseaux
Perdre l’aptitude à renouveler
Ce qui se perd
Et voir faner la rose
Qu’on voudrait garder
Une vie comme un désert
Avec des voyages en solitaires
Qi ne prêtent pas à commentaires
Avec des larmes trop salées pour irriguer
Cette terre aride…
Dis-moi que Tu me portes
Quand je ne vois que mes traces sur le sable
Dis-moi que Tu m’emportes vers la blancheur
De Ta sérénité
Mais ce nirvana n’est pas pour moi
J’aime encore le soleil sur ma peau
J’aime encore cette lumière
Cette aube que j’espère
Et je souffre de ce jour de défaite
Et de tous ceux qui les ont précédés
Et le sable coule entre mes doigts
Comme le temps que je ne peux retenir…
LE PRISONNIER
Bien sûr la lune brille au dehors
Les étoiles clignent quand je m’endors
Bien sûr, le soleil brille encore…
La grande croix de ma fenêtre
En ombre sur le mur se projette
A l’heure de la nourriture
Une main se tend par un trou dans le mur.
Et le temps passe
Cerné de rapace
Plus mort que vivant
Plus rien devant…
Bien sûr, dehors les hommes sont assis,
Il y en a même qui rient,
Peut-être pour s ‘apporter l’oubli…
Des regards se croisent, on ne se dit rien
Ou, lorsqu’on rentre, simplement «à demain »…
Reste le bruit des portes qui se referment
Et plus rien d’autre que quatre murs ternes.
Dans le silence, allongé sur le lit,
Je rêve aux jours d’une autre vie :
D’un grand hêtre rouge au milieu d’un champ,
Et de mon village au milieu de la plaine
Où les hommes ne connaissent ni frontière ni haine
En regardant leurs mains au bout d’un jour de peine.
Aujourd’hui, mes ongles se cassent sur les murs
Et il m’est difficile de respirer l’air pur…
Même réfléchir devient dur
Lorsque l’espoir est vain, que tout vous abandonne
Quand rien ni personne ne pardonne
L’erreur, la faute ou le sang versé
Qu’un instant de folie paye de perpétuité…
Quand vos manches s’envolent à l’envers du décor
N’avez-vous jamais, plus que moi, des remords
En croisant le regard de votre condamné…
Lorsqu’une seconde devient l’éternité
De quatre murs clos et privés de lumière…
Etes-vous donc des Dieux pour décider de l’enfer !
La part du vent
Dans la folie des hommes
La part du feu
Dans leur quête d’amour
La part de l’eau
Dans le baptême des corps
La part de l’Ange
Dans le meurtre avéré
La part du sang
Dans l’espace recraché
La part de l’ogre
Dans la curée des dieux
La part de l’ombre
Dans le silence enfin…