hiver
l’eau noire avale la vie
langue du dragon
au dos frémissant
A la place du champ
Identiques
Les cinq maisons s’alignent
Vitrine de boulangerie
Cœur rouge
Pour la St valentin
Deux cent soixante dix pas
Entre boue et eaux
Sur mon chemin de silence
Les cônes verts des sapins
Sentinelles
Veillent sur l’hiver
La voix de l’amie sonne
La vie revient
En gouttes de pluie rose
Quelques e-mails sur la toile
Mots et couleurs
Tissent nos liens
Au fait du toit rouge
Tonitruant et espiègle
Le merle noir
La voix de Ghislaine
Sur un disque blanc
Tellement présente
Les morts sourient en photos
Sur le grand buffet
Les vivants aussi
printemps
Rose orange et vert
Le bouquet du dimanche
Sous le lanterneau
Têtes ployées du poids de l’eau
Les roses survivent
Tenaces
La pluie a noyé les roses
mais la tendresse
demeure
Les poings serrés
Des iris crachent
Leur encre violette
sommes nous oiseaux
vivant en cage
dans l ‘oubli de nos ailes
la couleur repeint
les souvenirs palis
de la mémoire
les écrans dictent
aux addicts l’asservissement
consumériste
les corps vieillissants
se délitent dans le dicta
des habitudes
la lune sourit
la rose appelle la nuit
et l’embaume
ETE
golfe du Morbihan
Au passage du guet
Courbe le serpent du rêve
Vers l’île
Les squelettes des bateaux
Gorgés d’eau
Rêvent de dérives
Gris-bleu de mémoire
Dentelle de pierre
Garde secret
Silence au parfum d’iode
La baie retient son eau
Secrète
Rose nacré d’un coquillage
Souvenir en couleur
Bel âge
Catamarans voiles
Peintes « bonbons anglais »
Carnaval flottant
Un vol d’ibis sacré
Arpente l’espace
Inachevé
L’espace rassurant
Des presqu’îles
Étreint le silence
Miroir d’argent du golfe
Garde immobile
Tout l’espace
Soleil de vermeil
Posé au plateau d’argent
D’une mer assoupie
Barque du pêcheur
Ombre qui passe
Signature du néant
Un goéland enfile un courant d’air
Triskèle blanc
Sur l’ombre des pins
automne
la musique les parfums
les épices ramènent
aux vivants
papillon folâtre
automne fauve
fleurs de lumière
l’amie retrouvée
pattes d’oies installées
sourire inchangé
silence retrouvé
paix dans la cage
les mandarins couvent
les pommes parfument
la cuisine
chair blanche émouvante
l’amitié fleurit
en fil de laine
paroles échangées
iconoclastes
Ils ne liront pas vraiment
jusqu’au bout les haïkus
Confinement
Les enfants jouent
dans les jardins
joie en espoir d’avenir radieux
les persiennes baissées
où sont nos anciens
qui vivaient là tranquilles
Derrière le cimetière
Le centre de tirs
Mort au futur
coffre à bois de mon père
rempli par les petits fils
héritages…
cette année grignote
nos libertés
reste une peau de chagrin.
« L’oreille du Libraire »
Les oiseaux s’ébrouent
Bruissements d’ailes par terre
Dans ses mains un livre
Les voix du livre
Hantent le libraire
Poésie du vivant
L’intolérance
Passage critique de
Son existence
De la poésie
A la folie du vivant
L’amour demeure
Éphémère l’instant d’osmose
l’accord parfait
capitulation…
Yvette Vasseur-Lermusiaux
finalisé le 17/06/2022