Le vent d’ici
A cela d’étrange
Il s’alanguit
Il parle aux anges…
Alors ils passent
Ils prennent place
Dans l’espace
Des branches
Qui se penchent
Pour les poser par terre
Doucement
Pour garder leur mystère…
Et ils s’en vont
Sur la pointe des pieds
Et montre au vent
Qu’ils savent bien danser… !
SOUVENIRS
S’inscrire dans la mouvance
D’une décennie
D’une époque
D’un siècle
Grain de poussière
Avoir l’audace de croire
Qu’un seul être qui s’élève
Et c’est toute l’humanité
Qui s’élève
Par le truchement de l’amour
Celui aux racines puissantes
Aux fleurs renouvelées
Celles qui poussent quand même
Sur les tombes abandonnées…
LA PARALLELE DU SAGE ET DU FOU
On l’attache sur la croix
Il arrive avec sa torpeur
On l’attache sur le lit
Ils creusent les reins
Ils raidissent les jambes
Et poussent des cris de désespoir
Ils cherchent du fond de leur délire
Des raisons à la férocité des hommes
A leur bannissement
Dans leur nuit de douleur
Ils appellent
Les anges et les dieux
Dans leur nuit de torpeur
Ils voient s’écrouler les temples
Et les prisons
Au bout de la nuit
Ils ont gagné d’autres rives
Pour y faire pousser
Des fleurs contre le désespoir
LA GLOIRE
La gloire est une supercherie
Pour mal aimer
Quand tant d’eau est répandue
Dans la passion des cyclones
A force de soulever les montagnes
Ne retombe que cendre
Quand l’arbre pousse trop haut
Fragile sont les racines…
Beau
Comme l’immensité du ciel
Qui épouse
L’immensité de la mer
Sur le fil du rasoir
De la ligne d’horizon
Le bleu
Envahit tout
Et dissout tout
Ce qui n’est pas lui
Et vous éclaire
Et vous soulève
Comme une bulle
Comme un oiseau
Les points cardinaux
Ont crucifié
Tes ailes argentées…
Témoin éternel
De l’ombre de nos vies
Jaloux aussi…
Je glisse mes doigts
Dans le duvet de ton aile
Bonne nuit l’ange…
ABSENCE
Comme les oiseaux qui fuient
Devant l’orage
Ils dansent
Comme un amour qui vit
Encore la rage
Il danse
Comme le jour qui luit
Assez peu sage
Mais pense…
A tout ce temps qui fuit
Tourne la page
Présence
A tout mon souvenir qui vit
Avec courage
Il danse
Comme un soleil qui luit
Assez peu sage
Malgré l’absence
Lumière
Il y avait tant de lumière
Dans cette cape rouge
Il y avait tant de misère
Dans ce cœur qui bouge
Que j’étais à genoux
Tout pour Lui, tout pout Vous….
Il y avait tant de mystère
En ces quatre points cardinaux
Que je trouvais bons et beaux
Ces signes dans les cimetières
Il y avait ces mots du fond des âges
Ces miracles, paraboles et messages
C’était ma culture, notre aventure
Censées mener ma route sûre.
Dix commandements
Et sept péchés capitaux
Quatre évangiles…
Mais cette époque dément
Mystifie les défauts
Et rend tout difficile…
Je ne suis plus cette enfant
Du mystère si beau
Qui me reste juste une Ile.
L’AMOUR TU SAIS
L’amour tu sais
Ce n’est pas l’affaire des bijoutiers
Du maire et même du curé
Tous les faiseurs de poudre aux yeux
Ne pourrons pas te le donner…
L’amour tu sais
Ca vit ça grandit en dedans
C’est bien plus précieux qu’un diamant
Qui brûle sans laisser de trace…
L’amour ça se voit sur la face
Dans un sourire dans un regard
L’amour ça peut-être bizarre
Pour ceux qui ne savent pas…
L’amour, ce n’est pas une corde au cou
Mais c’est deux bras qui s’y nouent
Et, bon dieu comme ça fait du bien
Quand ces bras là ont des petits
Qui viennent s’y pendre aussi… !
L’amour,
C’est savoir écouter et comprendre
Et quelque fois savoir attendre
C’est un âtre cent fois ranimé
L’amour, c’est que tu ne t’en ailles pas
Le cœur serré
C’est continué à espérer…
Garder en soi une lumière
Bien plus grande qu’un éclat de diamant !
L’HOMME FATIGUE
Un homme brun hier soir
A pleuré sur mes mains
M’a ouvert sa mémoire
Tout en m’offrant demain…
Cet homme avait si peur
Le temps coulait entre ses doigts
Sans qu’il puisse en retenir le bonheur
Qu’il voulait modeler pour moi…
Et c’est moi qui ai pris
Son visage dans mes mains
Et c’est moi qui ai dit
Les mots qui font du bien…
Et cet homme fatigué
De lutter à contre vent
A posé son épée
Pour oublier un instant
La torture du temps.
LE PRISONNIER
Bien sûr la nuit amène la lune au dehors
Et les étoiles scintillent quand je m’endors
Bien sûr le soleil brille encore
Et la grande croix de ma fenêtre
En ombre sur le mur se projette
Et quand arrive l’heure de la nourriture
Une main se tend par un trou dans le mur.
Bien sûr dans la cour les hommes sont assis
Il y en a même qui parfois rient
Peut-être pour mieux s’apporter l’oublie
Les regards se croisent mais on ne se dit rien
Ou lorsque l’on rentre simplement à demain
Reste le bruit des portes qui se referment
Et plus rein d’autres que quatre murs ternes
Et dans le silence allongé sur le lit
Je rêve parfois aux jours d’une autre vie
D’un grand hêtre rouge au milieu d’un champ
Et des blés de l’été caressés par le vent
Et de mon village au milieu de la plaine
Où les hommes ne connaissent ni frontière
ni haine
En regardant leurs mains au bout d’un jour
de peine.
Aujourd’hui mes ongles se cassent sur les murs
Et ça m’est difficile de respirer l’air pur
Ici l’espoir est vain quand tout vous abandonne
Quand rien ni personne ne pardonne
L’erreur, la faute ou le sang versé
Qu’un instant de folie paye de perpétuité.
Vous les hommes de loi tout habillé de mort
Quand vos manches s’envolent à l’envers du décor
N’avez-vous jamais eu plus que moi des remords
En croisant le regard de votre condamné
Lorsqu’une seconde devient l’éternité
De quatre murs clos et privé de lumière
Etes-vous donc des dieux pour décider de l’enfer… ?
ANGES DECHUS
Nous étions
Des millions à vivre debout
Sans soucis
Nous avions
Des rires à se tordre le cou
Le sel de la vie
Nous avions
Nos dimanches nos samedis
Du soleil plein la vie
Nous avions
Des fleurs plein les idées
L’insouciance de l’été
Nous avions
Des bateaux plein les ports
La sueur de nos efforts
Nous avions
Nos luttes nos combats
Des gerbes de blé plein les bras
Mais le temps est venu
Où nous sommes en exil
Loin de ce monde disparu
Dont nous sommes
Les anges déchus
Tendresse
Complicité d’un regard
Dans la silencieuse lumière d’un visage
Pains des jours heureux
Aux tables des amitiés inépuisables
Fidélité du chien suivant
Ta course avec confiance
Main chaude et ronde de l’enfant
Se nouant à la tienne
Cascade d’un rire dispersant la roche âcre
Du doute et de la déraison
Yeux d’ardoise mouillée du nouveau né
Avide de lumière
Et ses doigts explorant la gorge de sa mère
Etrange et violente douceur
Envahissante vague déferlante…
Tout commence
Par un éblouissement
Par un cri
Poisson devient Oiseau
A hauteur d’homme
Voler dans les bras
Goûter la vie
Les poings serrés
Autour d’une première
Mappemonde
Rêver de ses sens
Sourire aux anges
Emerveillés d’innocence
Debout
Explorateur et funambule
Orgueil des impondérables
Prendre la vie à bras le corps
Comme un ballon
La lancer plus loin
En riant
Le vocabulaire
La poésie
A fleur de lèvres
Sentiments entiers
Jouer de la comédie
Pour annihiler la tragédie
Démystifier l’angoisse
Regarder les « grands »
Entre confiance et peur
Entre envie de puissance
Et besoin d’amour
Envoûtant petit soleil
Roi de Cœur
Roi de Pique
Atout majeur du destin
Tout continu
Chaque matin
Et tout fini
L’homme à côté de moi
L’ombre d’instants malheureux
Où tout absence
Vous est offense
Les nuages des miens
Il en a fait connaissance
Et de nos différences
Sont nés nos liens
Et quand je pars trop loin
Il le sait avant moi
Et quand je ne suis plus rien
Lui, il m’ouvre les bras…
Le temps nous a vus si fragile
Traverser les orages difficiles
Il nous retrouve si semblable
Doué d’une force redoutable…
ETRETAT
Le gris reste collé à nos paupières