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21 juillet 2023 5 21 /07 /juillet /2023 14:43

 

Les pas sur le sable

 

Une vie comme un désert,

Perdre des arbres des branches

Des chants d’oiseaux

Perdre l’aptitude à renouveler

Ce qui se perd

Et voir faner la rose

Qu’on voudrait garder

Une vie comme un désert

Avec des voyages en solitaires

Qi ne prêtent pas à commentaires

Avec des larmes trop salées pour irriguer

Cette terre aride…

Dis-moi que Tu me portes

Quand je ne vois que mes traces sur le sable

Dis-moi que Tu m’emportes vers la blancheur

De Ta sérénité

Mais ce nirvana n’est pas pour moi

J’aime encore le soleil sur ma peau

J’aime encore cette lumière

Cette aube que j’espère

Et je souffre de ce jour de défaite

Et de tous ceux qui les ont précédés

Et le sable coule entre mes doigts

Comme le temps que je ne peux retenir…

 

Le chant du monde

 

Monte des ports,

Parcours les vallées,

Escalade les pentes

À l’assaut des cimes

Et plane avec les aigles

Il rafraîchit les blés

Et cours sur les chemins

Dans la bouche des enfants

Il salue les chapelles

Et bénis les chevaux

Le chant du monde

Cette harmonie du vent d’été

Avec sa puissance créatrice

Toujours renouvelée

Libérera toujours

Celui qui connaît la force

D’un seul grain de blé,

D’un seul raisin

D’un seul désir de vivre

Au-delà des blessures

Au-delà des prisons

Le chant du monde

Harmonie de l’homme

Dans la résonance de l’univers

Paix et force sur la terre…

 

 

Notre histoire

 

Ils marchent dans mes souvenirs

Ils rient ils fument ils boivent

Ils ont les cheveux courts ou longs

Ils courent sur la plage,

Ils voyagent

Tous ceux qui sont partis…

Qui ont partagé ma vie

Un grand moment ou juste un soir

Ils m’ont rendu l’espoir

Parfois jusque dans l’errance

Ils ont fait parti de ma chance

Alors non je ne veux pas les pleurer

Alors non je ne veux pas oublier

Et jusque dans la solitude

Je garde cette douce habitude

De sourire à mes souvenirs

D’évoquer ces moments précieux

De guerres intimes ou de rires heureux

Vivre dans le passé n’est pas vivre sans avenir

Je suis riche de ce que je fus, fière de m’enrichir

De la présence d’amis

Qui aujourd’hui enfuis

Me laissent la mémoire

Avec ce bel espoir

De continuer mon histoire

Pour prolonger cette gloire

De vivre ensemble le reste du temps

Pour encore se sentir plus fort plus grand…

 

 

La part du vent

 

Dans la folie des hommes

La part du feu

Dans leur quête d’amour

La part de l’eau

Dans le baptême des corps

La part de l’Ange

Dans le meurtre avéré

Dans l’espace recraché

La part de l’ogre

Dans la curée des dieux

La part de l’ombre

Dans le silence enfin

 

 

 

mon alphabet

 

Aimer parce qu’il n’y a rien de plus intéressant à faire

Battre ses préjugés face aux idées reçues

Connaître les gens pour appréhender leur vérité

Devenir un être humain à part entière

Éveiller et être éveillé.

Faire en sorte de le rester

Gérer ses émotions pour rester objectif

Harmoniser son existence autour de ses passions

Idéaliser avec lucidité (pas facile)

Jouir de la vie

Kermesse des petits bonheurs

Louer les instants précieux de partage

Mouvoir ses sentiments

Neutraliser les idées noires

Occuper sa vie et ne pas la

Perdre en vaines velléités

Qualifier ses actes par la recherche du juste et du beau

Relativiser ses échecs

Savoir rebondir la tête haute

Tendre vers la volonté

Unir et réconcilier plutôt que diviser

Vivre du rêve à la réalité

Wagon de la locomotive du cœur

Xylophone de la résonance cosmique

Yeuse vert d’espérance

Zen et zazou à la fois.

 

 

Danse sur la fin d’un monde

Pour cette fleur qui surgit

De la lave refroidie

Pour cet enfant qui te sourit

Après la mort d’un ami

Pour cet espoir de vie

Sur les ruines et sur l’ennui

Danse sur la fin d’un monde…

Pour la vie qui recommence

Qui te donne une autre chance

A la fin d’une romance

Le temps vrille dans l’espace

Dans ce vent cherche ta place

N’attend pas que ta vie passe

Danse sur la fin d’un monde…

 

 

YZA Vasseur

 

poèmes publiés en revues.

 

pastel personnel.

pastel personnel.

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17 juillet 2023 1 17 /07 /juillet /2023 22:49
  1. les prés salés

J’arrivais au bout de ma journée de voyage.

Je ne pouvais pas aller plus loin parce qu’en face de moi s’étendaient des sables mouvants que seuls les connaisseurs traversaient à marée basse avec prudence.

J’arrivais dans un village tranquille qui résonnait au rythme de la vie animale,

du pas tranquille du cheval du cantonnier aux moutons des prés salés.

Les ombres pastel du crépuscule appelées au silence.

Les eaux arrivaient au terme de leur course, s’immobilisaient, captives de la baie.

Toi, l’ami gitan, arrivé pour la procession de juillet, tu dansais au pourtour de mon âme, une danse d’abeille avec son aiguillon, aussi ardente que la flèche lointaine de l’abbaye du Mont St Michel…


 

  1. le Mont St Michel

Depuis les prés salés l’île du Mont St Michel apparaissait mystérieuse et magique

Dans la baie se profilait aussi une île sombre et déserte, repaire des oiseaux l’île de Tomblaine, île prison d’autrefois.

Dès le lendemain matin je pris le car pour visiter le Mont, deux texanes m’accompagnaient.

L’heure matinale nous épargna la foule des touristes. Nous pûmes monter sans encombre l’unique rue bordée de boutiques et de restaurants, en ce petit matin de début juillet.

Nous découvrions la baie à marée basse, depuis le parvis de l’église. Comme un réseau de veines éperdues, un delta éparpillait son eau argentée dans le sable immaculé où la force des marées ne semblait laisser aucune place à la végétation aquatique.

Librement, nous visitâmes le chœur de l’église et les salles du monastère et nous pûmes nous surprendre à admirer la beauté de la lumière cristalline des jardins du cloître et ses colonnes formant voûtes et ogives.

De retour à Avranches, nous allâmes dans les jardins de la mairie, on y donnait une fête folklorique, nous goûtâmes au gigot des prés salés et assistâmes à des danses où la grâce des jeunes filles était révélée par leur jupon virevoltant et leur coiffe papillonnante.


 

  1. Saint Malo

Nous sommes arrivés face à la ville légendaire, depuis la gare, par la route des docks encombrés de leurs réserves de bois.

Nous sommes entrés par la porte marine, pas loin de la statue de Chateaubriand. A droite, s’étalait la place de la mairie et au bout le musée de statues de cire où est retracée l’histoire de la ville et de son héros : Surcouf. Nous nous sommes promenés quelques jours parmi ses rues et ses ruelles découvrant halls et places de marché, bouquinistes et petits musée de poupées.

Tu achetais des cigares et nous allions boire du Ricklès dans les petits bars à matelots.

Le matin tu vendais ton « or de trottoir » sur les marchés

Le jour tu dessinais sur le parvis de la cathédrale je te regardais colorier un visage de Christ et l’entourer de roses devant les badauds attentifs à découvrir le personnage illustré.

Les piécettes tombèrent dans le demi-ballon de caoutchouc posé sur le bitume tandis que tu t’essuyais les mains sur le devant de tes jeans …

Méandres de pierres et de granit rose, vous vous perdez dans l’eau de la baie, vous vous offrez corps et âmes à la Mer nourricière.

Et vos remparts gardent les secrets des trésors conquis.


 

  1. le port de Dinan

Nous sommes arrivés à Dinan par le viaduc

Et sommes descendus dans le port par les venelles à flanc de collines

C’était l’heure bleue en été, un goéland aux ailes argentées planait et descendait en piqué vers la surface de la Rance. Des lampadaires aux allures de bec de gaz éclairaient les pontons, bercés mollement par l’eau douce. Des voiliers et des yachts alignés face à la berge semblaient s’assoupir après les épreuves de la mer.

Au crépuscule, les voiles sont plus blanches et les peaux plus sombre. Les terrasses se peuplent d’une foule colorée et polyglotte et s’éclaboussent d’éclats de rires dans les parfums de fruits de mer, de cidre et de bière fraîche.

Port de mer perdue en terre, tu demeures le havre de paix des amoureux de l’eau.


 

  1. la vallée de la fontaine les eaux

Nous sortions du port par la route basse qui se perdait dans la vallée encaissée, à notre droite la route montait raide et boisée tandis qu’à gauche une prairie s’élargissait puis faisait place à des jardins et des parcs qui entouraient les trois moulins de la vallée. Les moulins à eaux n’étaient plus en fonction mais continuaient à être habités.

Celui du milieu était mon havre de prédilection... Là je me savais bien venue même sans avoir prévenu de mon arrivée. Ceux qui vivaient là ignoraient l’usage des clefs. Il y avait toujours quelque part un lit pour accueillir un voyageur de plus.

Nous partagions tout, la faim et les gueuletons, les combats et les victoires, les travaux et les jours de fainéantise.

Nous étions jeunes et de la race des sans frontières…

Avec juste l’idéal d’une vie hors des sentiers battus.

  1. le cap Fréhel

D’abord une lande entre ciel et mer, comme un tapis volant aux couleurs de bruyères et de genêts suspendait nos regards. Nous empruntions des chemins étroits ils nous menaient au flanc de la falaise, à mi-chemin entre les embruns et l’à-pic. Nous marchions à la file indienne, ignorant le vertige et la peur, juste friands de sensation forte :

Sentir le vent s’engouffrer dans nos chemises et s’éclabousser d’écume….

Nous gravissions les blocs de granits roses.

pour remonter, lorsque le sentier disparaissait, nous nous poussions, nous nous tirions, sans angoisse et sans complexes, insouciants et inconséquents tels de jeunes chiens fous….


 

  1. Trébeurden


 

La grande bâtisse à l’architecture Le Corbusier surplombait le cimetière de bateaux de pêche.

En bas des marches, un sentier nous menait dans une petite crique où l’eau arrivait en douceur à marée haute.

Nous nous y cachions et pataugions à souhait quand le soleil devenait trop chaud.

Le soir, nous nous promenions parmi les carcasses de vieux bateaux, tranquilles, recueillis et silencieux, nous communions à ce lieu de paix et de mémoire dans la lumière qui allongeait le ombres pour les rendre plus présentes, plus indissociables de la vie sur terre.

Le soir du quatorze juillet, nous avons regardé s’embraser les feux d’artifice des sept îles, perdues en mer et sorties de la brume pour une symphonie unique de lumière.

 

8 Le vieux moulin

Les pierres du ruisseau chantent la paix du fond des âges

Les ronces des mûriers tissent un linceul inviolable au vieux moulin

La roue à aubes a cessé de moudre le temps

Le corps nu et bleui de la fontaine demeure creux et stérile

Le vent brode au point de tige la prière cristalline de deux bouleaux enlacés

Les bambous violoncelles vibrent de longs frissons

Que le tilleul parfume et amplifie

Gardien vénérable du temple végétal, Le châtaignier centenaire baigne ses racines parmi les pierres et dissimule le pont de bois sous l’ogive de sa ramure

Les bouquets pastel des églantiers épousent la muraille

Les fougères balancent leur majestueuse chevelure

Sur les pentes abruptes de la vallée

Aux pieds des arbres à l’ordre bouleversé par le tumulte des tempêtes hivernales se répandent les prêles et le liseron, intimement mêlés.

Paisible et sauvage le présent épouse mon souvenir.


 

COULEURS D'ARMOR (prose poétique)
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16 juillet 2023 7 16 /07 /juillet /2023 15:15
  1. L’appartement

Il est des lieux qui n’existent que dans la mémoire

Au fond du square le petit immeuble était recouvert de crépi blanc

Les fenêtres aux châssis  métalliques ouvraient vers l’extérieur

L’escalier de bois brun menait à l’unique étage et se prolongeait au sous-sol.

Dans les années soixante, les gens se respectaient,

Les bicyclettes et les vélomoteurs rangés dans le hall d’entrées ne portaient pas de cadenas.

Ma mère claquait la porte en sortant en ne fermait pas à double tour.

La plus part des gens du square travaillaient à la Lainière de Roubaix

Qui employait six à sept mille personnes.

  1. Les mômes

Ce qui a toujours dérangé ma mère, c’était le bruit.

Elle a vécu plus de trente ans à la campagne

Ne supportait pas la mouvance perpétuelle des enfants du baby-boom

Ils envahissaient les pelouses et les halls d’entrée

Les familles cosmopolites avaient facilement jusqu’à quatorze enfants

Nous étions les enfants de la France à venir

Nous avions nos jeux et nos regroupements.

Africains noirs, Pieds noirs, Algériens, Italiens, Ukrainiens ou Polonais.

Les enfants étaient bilingues ; la première génération née en France…

Une France au destin multicolore.

  1. Le Cathé

L’église de briques rouges au fronton crénelé

Portait sur sa façade un Christ de ciment

Qui montrait son cœur du doigt

Le vieux curé en soutane noire roulait à vélo

Les religieuses qui faisaient le catéchisme portaient

Des bas nylons et des popelines beiges

Des « femmes du peuple » qui ne se distinguaient guère des autres…

Juste par leur allure de « vieille fille »…

Le jour de la communion solennelle

Quatre-vingt filles et cinquante garçons

Remontèrent la rue principale sous le soleil de juin

Dans leurs habits blancs… et j’avais les yeux qui pleuraient….

  1. La directrice

La directrice du collège portait toujours une robe noire

elle avait une allure à la « Édith Piaf »,

Un charisme qui imposait le respect sur son passage

elle enseignait la musique

Pas le piano, ni le solfège ni même la flûte

mais la vie des grands compositeurs

Elle s’asseyait sur le bureau, devant nous, pour paraître plus grande et croisait les jambes.

Elle nous parlait de Schubert, Schumann, Ravel, Debussy…

Elle nous contait Bach ou Mozart en nous écoutions religieusement

Elle posait sur la platine du pick-up un prestigieux disque de vinyle

Elle nous invitait à poser la tête sur nos bras et à écouter …sans s’endormir…

C’est ainsi qu’aujourd’hui encore il m’arrive de reconnaître

une symphonie aux premiers accords

 

  1. Le prof de math

Le mari de la directrice portait une blouse blanche et avait les cheveux en brosse

Il était prof de mathématiques mais n’avait pas beaucoup de charisme

Il se faisait respecter à coup de punitions.

Il avait vécu en Amérique et prévoyait la crise future :

« Vous avez intérêt à poursuivre vos études le plus longtemps possible,

Plus tard seuls les ingénieurs et les balayeurs auront du travail »

Ses cours de onze heures du matin m’endormaient

Sa voix monocorde me rendait l’algèbre imbuvable…

Je n’ai jamais compris ni aimé l’algèbre.

Mais je suis obligée de dire que, quelque part

Ce triste sire

N’avait pas tort dans ses prédictions…

 

  1. Les allumoirs

A l’approche de la rentrée des classes, l’air explosait de bruits sonores et pétaradants.

Au bout de nos doigts nous maintenions l’extrémité d’une corde en état d’incandescence, nous enroulions le reste autour de nos poignets : cette corde à feu s’appelait « le clachiron »... Il faisait office d’allume-cigares pour les plus vieux,

mais surtout d’allume-pétards pour les plus jeunes.

Entre les jambes des filles affolées, dans le hall d’immeubles, dans les boites aux lettres,

du « boucan » énorme cigare rouge aux minuscules pétards souris,

tout ce qui prenait feu, pétait !

C’était la folie du moment, d’autant plus exaltante qu’il était interdit de faire sauter les pétards et paradoxalement il n’était pas interdit aux commerçants d’en vendre !

Mais qui aurait pu imaginer les Allumoirs sans pétards ?!

 

Le jour venu Elles sortaient des maisons au bout d’un bâton, lanternes de papier de riz pliées en accordéon, jaunes, rieuses et rondes ou les lunes ,

chatoyantes orange et rouge pour les soleils, multicolores pour les autres.

Elles se regroupaient et suivaient la fanfare des majorettes.

Les anciens, les parents, avaient appris aux enfants

le chant de ralliement des porteurs d’allumoirs :

« Vive les allumoirs ma mère, vive les allumoirs, on les allume quand il fait noir,

vive les allumoirs ! »

A l’instar des chants du carnaval de Dunkerque…mais en moins paillard…

Le défilé se terminait devant la boulangerie du quartier par la distribution de sucreries…

Cette tradition est perpétuée à la mémoire de nos aïeux qui se rendaient à la « fabrique » pour assurer l’équipe de nuit avec des lanternes .

 

  1. La ducasse

Elle s’installait sur la place du bourg pour la fin de la semaine et le lundi suivant,

chaque année à la mi-septembre.

A la sortie de l’école, le vendredi soir, nous allions regarder se monter les manèges.

Ils se plaçaient toujours aux mêmes endroits d’une année sur l’autre.

Sur la grande place trônait le manège de chevaux de bois, derrière nageaient en rond les « Donald » pour les petits, et au bout, la chenille couverte, pour les amoureux et les amateurs de sensations…

Sur le parking de la rue des Patriotes s’étalaient les auto-tamponneuses et le transalpin.

Le long des rues voisines se montaient les baraques des loteries et des marchands de nougats :

Barbe à papa, beignets hollandais, pommes d’amour, gaufres et autres friandises pour petits et grands.

Pendant trois jours la Ducasse battait son plein, je retrouvais avec plaisir mes galopades imaginaires sur les grands chevaux blancs qui grimpaient le long de leur tige dorée en spirale, ou sur le dos des petits cochons quand les chevaux étaient pris d’assaut.

Plus tard je découvrais la chenille et sa bâche rouge et le décor blanc du transalpin ainsi que les voitures aux teintes métallisées de l’espace musical où virevoltaient comme des danseuses les auto-tamponneuses surmontées de leurs antennes électriques…

 

Plus tard, beaucoup plus tard, j’y ai emmené mes enfants.

 

  1. Le marché

Le vendredi matin, un long ruban de toiles multicolores se déroulait

le long de la rue Chopin.

Les commerçants habituels prenaient toujours les mêmes emplacements.

Ma mère avaient ses habitudes, achetait le café en grain en vrac à un homme chauve qui portait une blouse grise, la mesure de métal chromée plongeait dans le sac de jute et ressortait tout embaumé du parfum de café torréfié.

Plus loin, elle achetait les bonbons et les gâteaux secs, en vrac également,

par livre ou demi-livre, pour la semaine.

Le crémier coupait le beurre à la motte avec son fil et le pesait

dans du papier sulfurisé blanc

Le poissonnier renforcé son emballage par du papier de journal.

Tout était simple, coloré et odorant, les citrons se vendaient cinq pour un franc,

Les oranges, les pommes se goûtaient au bout du couteau…

Nous n’avions pas encore découvert les supermarchés et leurs emballages plastiques,

la pollution par l’inutile et le tri sélectif des déchets

et son héritage de grandes poubelles à roulettes.

  1. La Merveilleuse

C’était le nom de la petite société de glaciers qui tournaient dans la cité.

L’un roulait en triporteur et annonçait son passage par un air de trompette.

Les gosses sortaient des immeubles et faisaient la queue autour du conteneur de bois surmonté du cône doré et crénelé…

Le glacier soulevait ce couvercle par la boule du sommet et plongeait une palette de bois dans la glace fumante… Le cornet se remplissait petit à petit, se surmontait d’un dôme unicolore ou multicolore selon le choix et le prix à payer.

Entre nos mains la glace fondait et nos langues, à revers, prenaient la place quittée par la palette.

D’autres jours, la Merveilleuse passait dans le quartier avec une charrette tirée par un âne qui portait un chapeau, nous nous groupions à l’arrière sous l’auvent pendant que la serveuse blonde préparait les cornets à boules vanille -fraise ou vanille- chocolat…

Nous ne mangions de la glace qu’en été…

Aujourd’hui la Merveilleuse passe en camionnette

Et une bande enregistrée nasillarde a remplacé le trompettiste.

 

 

 

LES COULEURS DE LA CITE (prose poétique)
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15 juillet 2023 6 15 /07 /juillet /2023 17:40
  1. L’hiver

En hiver le jardin apparaissait sous la forme de plates-bandes de glaise brune, symétrique et parallèles à l’allée centrale…

Toute droite, elle menait à la cabane à outils sous le lilas.

La planche de la balançoire restait accrochée à la barre.

L’hiver, le jardin emprisonnait ses couleurs

Mêlées au terreau et à l’argile, au secret de son humidité.

L’hiver, le jardin me disait d’attendre.

 

2. Le printemps

Au printemps tout sortait de la torpeur

Les pigeonniers des jardins voisins roucoulaient jour et nuit.

Les coqs de la ferme d’en face chantaient à tue-tête dès l’aube.

Les passereaux lançaient leurs trilles,

Le jardin étirait sa langueur

Entre explosions de bourgeons et ascensions des tiges.

Il appliquait consciencieusement sa palette en camaïeu de vert

Et l’agrémentait du pastel des premières fleurs.

Au printemps, l’air osait les premières vibrations

Sous les élytres écarquillés des coccinelles

Et sur les ailes cristallines des libellules, funambules des cordes à linge.

 

  1. La fermière

De l’autre côté de la rue, du long ruban glissant de pavés gris

Je poussais la lourde porte de la ferme de Thérèse

Et sa laiterie aux murs de faïence blanche

Au beau milieu trônait le tonneau de la baratte.

Il virevoltait sur lui-même en un bruit de moteur et de pignon mécaniques

La fermière rangeait les œufs bruns dans des sachets de papier brun, le fromage blanc dans le papier sulfurisé blanc,

Avec la maestria d’un perfectionnisme de l’habitude.

Ses gestes étaient maîtrisés et calmes,

Ses paroles aussi mesurées que les pintes de lait…

Selon un rite perpétuel et ancestral.

 

  1. 4 Grand-père

La casquette de grand-père s’imprégnait de la sueur de sa tête

Elle lui volait son odeur, sa forme,

Elle se gavait du gras luisant entre ses rides.

Le manche de la bêche, aussi luisait, poli par le travail des mains.

Les épaules rougissaient à l’échancrure du maillot de corps,

Contraste de nuances chaudes

Sur le fond immaculé d’un ciel de juin,

Aussi bleu que son pantalon de travailleur.

 

 

  1.  5 Les carrières

Ceux du hameau appelaient « carrières » tous les chemins

qui s’en allaient à travers champs depuis la chaussée principale.

Carrières de terre noire et poussiéreuse,

Jonchées de silex beiges et jaunes comme des œufs d’oiseaux brisés.

Mannes pour nos frondes de gosses chahuteurs.

Projectiles redoutables, ils atteignaient parfois la tête de ceux trop lents à se cacher.

Le sang rouge et poisseux collait les cheveux,

Mouillait les mouchoirs à carreaux, tandis que s’élevaient

Les cris de rage et de douleur des malchanceux.

6 Maman

Pour sortir le dimanche, ma mère agrémentait son bouffant de cheveux noirs de crans brillantinés, elle plaçait des peignes sur les côtés pour soulever les mèches trop longues, elle poudrait son visage pour le matifier,

Coloriait ses joues et ses lèvres aux teintes des cerises, entre griottes et bigarreaux. Tout cet apparat rendait à l’évidence la lumière pétillante de ses prunelles myosotis et de ses longs cils noirs.

7 Grand-mère

Ma grand-mère paternelle vivait au fond d’une courée à Lille

La fenêtre du rez-de-chaussée se cachait derrière les géraniums

Rose pimpant et rouge brique.

Dans l’unique pièce où elle vivait,

Tout avait pris une teinte passée, couleur sépia,

Comme la grande photo du défunt mari,

Dans l’ovale du cadre, en uniforme de dragon de la guerre 14-18,

Ou celui de la petite fille perdue en bas-âge.

Les gâteaux secs aussi accusaient le temps passé dans la boite.

Seule, la voix de grand-mère chantant le grand air de « madame Butterfly » ou le « pays du sourire » avait gardé le cristal et la fraîcheur de ses jeunes années…

 

8 Noël

Pour Noël, ma mère posait un « petit Jésus » de plâtre rose entre son père de brun vêtu et sa mère couverte de voile bleu ciel.

Nous petit déjeunions de chocolat chaud fondu doucement dans le lait et de la traditionnelle « coquille » de Noël, brioche à deux têtes, avec un petit trou au milieu du ventre pour simuler le nombril.

Ce pain gâteau avait un goût de paradis, à nul autre pareil, bien loin de l’insipide et blême hostie symbolique et tristounette de nos messes dominicales ponctuées de bâillements causés par des estomacs creux.

 

9 ST Nicolas

A la veille de la ST Nicolas, l’atmosphère se teintait de mystère.

Grand-père nous contait la légende du saint homme,

Disait qu’il viendrait de nuit nous visiter.

Il posait sur la table de la salle à manger, un plat de carottes ; le lendemain, les légumes avaient disparu… maman nous disait de chercher le jouet qu’il avait échangé contre la nourriture pour son âne.

C’est ainsi que me furent offerts une poupée aux longues tresses brunes, endormie dans son berceau et, une autre année, un petit piano peint de laque bleue et mon premier illustré de Martine qui fait du théâtre.

 

10. La bicyclette

Les rares jours où il ne travaillait pas, mon père venait me chercher à la porte de l’école,

Il me soulevait de terre pour me poser sur le cadre de sa bicyclette bleue. Mes petites mains accrochées au milieu du guidon.

Il sifflotait et roulait doucement sur la chaussée pavée, nous traversions la partie boisée du chemin, le long du chemin de fer, où passaient, suivies d’une écharpe de fumée blanche, les locomotives à vapeur à destination de la Belgique.

Parfois des lièvres cavalaient devant nous, les oreilles allongées sur le dos beige foncé, ils grimpaient les talus, disparaissaient dans les fourrés.

C’est dans ce bois que, quelque temps plus tard, je bravais les orties, à grand coups de sabre de bois pour aller cueillir, au beau milieu, des roses pour la fête de Maman.

rue de ma petite enfance.

rue de ma petite enfance.

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9 juillet 2023 7 09 /07 /juillet /2023 15:17

ETE

 

Un train passe en bouffée d’enfance

Et le silence ne revient pas…

La ville écrasée de vents chauds

Et la fatigue des gens stressés…

 

L’été se solde dans les quartiers du centre…

 

D’autre vivent ailleurs

Sous d’autres latitudes

Surprenant quelque part un sourire différent

Et s’étonnent de se fondre

A de nouvelles habitudes :

 

Être attentif à la vraie vie

Respirer plus fort

Découvrir un parfum nouveau

Sur la peau de sa compagne…

 

Abaisser toutes les voiles

Pour remonter, docile, fragile

Les deltas et les fleuves

Jusqu’aux torrents de son âme…

 

Abreuver les délires

En un voyage éperdu

A la source du désir.

LA COULEUR BLEUE  (mini recueil)

LA MER

 

Mon pays impossible

Le ciel se confond

Au cristal des saisons

 

Ta vague avec acharnement

Vient contrarier

L’angle droit des falaises

 

Embruns cultes

Des aventuriers

Des oiseaux jaloux

Dansent gerbes de blé

De saisons immortelles

 

Ô mon pays d’amour

Rêve de liberté

Baptême de sel

Bras tendus crucifiés

Vers un continent bleu

Dévoreur d’âme.

 

 

 

LA COULEUR BLEUE  (mini recueil)

ILE

 

Une île sur le pendant du ciel

Pour mettre du silence

Sous les paroles du prophète

 

Pour repêcher l’âme

Et secourir l’homme

 

Pour écouter chanter le vent

Dans l’enchantement d’un rêve à inventer

 

Pour un voyage buissonnier

Et un bateau à prendre

 

Pour dormir

Dans l’eau du désert

Pour n’être plus personne

Et renaître au destin

 

Pour enterrer les douleurs

Et exorciser ses peurs

 

Une île

C’est toi pour moi

C’est moi pour toi

Si tu le penses….

 

LA COULEUR BLEUE  (mini recueil)

L’ILE D’YEU

 

Face à l’océan

La pierre tremble

Mais ne tombe pas

 

Un fantôme de pierre

A la verticale des falaises

Appose la verticale de ses tours

 

Prisonnières des éboulis

L’eau dans les criques

Apprivoise la couleur des pierres

 

Oublié du continent

Le plus petit

Port de France

Berce ses barques

 

Sur la plage des Soux

Des galets ronds et plats

Miroitent leurs paillettes d’argent

 

Là où vivent les hommes

Les murs s’habillent de blanc

Les chemins creusent des tunnels

Sous les arbres

 

Sur la lande la bruyère

Frémis et s’allume sous le vent

 

Le vent danse dans nos chemises

 

Le vent a le parfum sauvage

De la liberté

LA COULEUR BLEUE  (mini recueil)

BEAU

 

Beau

Comme l’immensité du ciel

Qui épouse

L’immensité de la mer

 

Sur le fil du rasoir

De la ligne d’horizon

c

Comme une bulle

Prêt à plonger

Comme un oiseau !

 

 

LA COULEUR BLEUE  (mini recueil)

BATEAUX

 

Aube flamboyante

Départ dans la brise

Aux embruns d’arc-en-ciel

Turbulence de vagues

Aux crêtes d’écume

Voiles blanches

Ou safran

 

La mer danse

Bateaux glissent

Sur ses hanches

 

Crépuscule de silence

Transcende les sens

Rentrer au port

Tirer des bords

Voir s’allumer les phares

Rêver d’autres départs…

 

LA COULEUR BLEUE  (mini recueil)
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8 juillet 2023 6 08 /07 /juillet /2023 16:28

PROMESSE

 

Le jour éclos

Volubilis d’espoir

Pour enlacer nos certitudes

De la promesse du rêve offert.

 

Nouvel horizon

A l’éclat d’étoile polaire

Pour les âmes galériennes

Voyageuses de l’errance.

 

L’ombre tiède et molle

Irise sa couette de cumulus

Au pinceau de la lumière

Tandis que la plaine de blé

Creuse les reins sous la caresse du vent... 

Brise aux rayons de miel…

 

Tu ne peux pas partir maintenant…

Il manque un coquelicot

Pour parfaire le tableau

De cet orage d’été…

 

Les mains du silence

S’emparent de la coupe des mots

Pour porter à nos lèvres

Le vin heureux

De l’instant de communion.

 

 

 

éternelles fiançailles

 

La robe des champs apprivoise sa solitude

L’ornière a creusé son sillon rétractile.

 

Le jour reste suspendu dans un berceau vide

Sous l’œil cyclopéen

D’un soleil

Au regard de poison mort.

 

La chienne blessée des coteaux

S’est couchée raide sur le flanc

Son haleine traîne par la lande

En écharpe de brume tactile

Chargée de relent de tourbe.

 

Dans la forêt, les feuillus gris et tremblants

Se tiennent par le bout des doigts

Conscients de leur cruelle pauvreté

Juste riche de leur solidarité

Face à l’infamie du sort.

 

La quintessence d la vie reste blottie

Fétus transi et malingre

Dans les profondeurs génitales

D’une terre épuisée

Avare de sa fécondité.

 

Le désespoir amer du ciel tombe

Pour couvrir sa compagne

D’un manteau purificateur

Brodé de pures étoiles.

 

Avec la tendresse millénaire

D’un amant qui n’abandonne pas

Le vent distribue les vêtements de secours

Et pare pudiquement d’immaculé

La nature meurtrie dans sa nudité.

 

Par sa séduction le ciel annonce à la terre

Sa volonté de retrouvailles

 

Et son premier baiser fera fondre la glace.

 

 

 

Mariage de Vénus

 

Tu regardes le ciel et quand tu plonges

En lui, tu es sœur des oiseaux

 

Tu te confonds au nuage

Tu connais leur chemin

Et les secrets des vents…

 

Lorsque l’aube est venue tu as senti ses doigts

Se poser sur ta peau pour arracher ton corps

Des ténèbres pour qu’il tienne debout,

Éveillé, chaud, affamé de désir…

 

Et le soleil vainqueur de toutes les tempêtes

Transperce ton hymen et se ressource en toi

Par l’onctuosité sucrée du miel de ton ventre.

 

Toi, baiser de chair de l’océan pour la terre.

 

Arche d’alliance de la féminité et des forces

Secrètes de l’univers, tu deviens mère

Du plus précieux des enfants : l’Amour

Pas de deux

 

Dans la main de l’ami, la ligne d’amour est traversière
Je la sais perpendiculaire à ma ligne de chance

Dans la broderie anglaise des jupons au sortir de l’enfance

Sont tracés les labyrinthes qui mènent jusqu’au bout de l’adolescence

La robe de mariée, dernier virage avant la sortie

 

L’eau coule en accords biens huilés, d’une corde à l’autre

Accorder nos pensées, laissé s’envoler les oiseaux migrateurs

Posés un instant sur la portée de nos rêves

 

Les roses de nos noces ont le parfum tendrement cruel

Des épines défenderesses des éphémères éternités

 

Et nos amours adolescentes jouent parfois

Encore les infantes

Pour prolonger au-delà de nous l’émotion du tendre

 

Au bout de la route larve emprisonnée de certitudes un soleil frileux attend notre embrasement pour déchirer sa chrysalide

 

Du vert des fenaisons aux moissons de brindilles tous nos chemins ont semé leurs cailloux

La vie passe en bottes de sept lieux

 

De nos amours transatlantiques en hamacs bien balancés

Aux petits Noël intimes, noix de Savoie et oranges givrées

Les alizés tout beau tout chaud persistent et signent sur la peau

Le grand frisson

 

Dans la lumière ou dans la brume

Il y a des cargos remplis des richesses du monde

Ils vont venir bientôt !

 

Nos fourmis ont la peau dure

Elles nous envoient des cordes de rappel

Tristes pelures d’oignons bleus

Nos cigales ont la vie longue elles nous proposent des nuits de fêtes où les boas de beau duvet dansent loin des polochons

Où le champagne jaillit doré !

Orgasme exploseur de bouchon

 

De la majuscule magistrale en robe de réveillon

Au plus anodin des points de suspension

Nos contes du soir

Ont pour cheminement

Des grands huit d’arc-en-ciel !

 

 

 

L’oiseau aux ailes pourpres

 

Un oiseau aux ailes pourpres

Battant comme un cœur

Traverse le jardin de l’été

Sur les traces de mes rêves

 

Son chant me séduit

Et la vague se brise et explose

D’étincelles en vibrations

Tempête d’équinoxe…

 

La mer épouse le volcan

L’incommensurable espace

Ouvre ses jambes bleues

Pour laisser éclore le soleil

 

Tu te saoules à ses rayons

Tu te grises de ses mystères

L’éclat de diamant d’une lumière

Où tu glisses ton aile et ombre l’horizon.

La fleur du désir

 

Elle est là au fond de toi

Semence bizarre

Semée par le hasard…

 

Elle grandit

Bourgeonne, s’épanouit

Et envahit…

 

Elle est le moteur de la vie

C’est par elle que tu avances,

Que tu risques,

Que tu changes

L’ordre des choses…

 

Elle est la vie de ta vie…

La fleur du désir !

Amour fou

 

Dire : « je vous aimes » au téléphone

Ne vouloir en parler à personne

S’enfermer dans une tour d’argent

Vivre un amour hors du présent

 

Et tomber à genoux

Sous l’empire d’un amour fou…

 

Vivre l’hiver en son absence

Et au soleil par sa présence

Trembler de fièvre dans ses bras

Et mourir quand il s’en va

 

Et tomber à genoux

Sous l’empire d’un amour fou…

 

Aimer plus fort jusqu’au délire

Et ne vivre que pour le séduire

Vouloir défier les apparences

Rêver plus haut que le silence

 

Et tomber à genoux

Sous l’empire d’un amour fou…

Vertige

 

Dépouillement des vestiges

Des croyances inculquées depuis l’enfance

Questionnement sur le passé

Le présent et le devenir,…

 

Sans réponse, par volonté

D’oubli ou d’ignorance…

 

Tu as glissé ta patte blanche sous la porte

Mes gonds, points de repères, ont vacillé,

Tombés dans la poussière des habitudes !

 

Les mots sont ceux que les autres en font

La liberté est telle qu’on la prend !

 

Consentir l’inconcevable

C’est ouvrir la porte des tabous

Voir plus loin que la nuit millénaire

Annihiler le bien et le mal

N’être plus que la flèche sortie du carcan

Pour cibler l’horizon de l’impossible !

Le funambule des arcs en ciel

 

Tu balances

Entre le ciel et l’inaccessible

 

Ta démesure

A la résonnance des insatisfactions

Loin des instances matérielles…

 

Tu poursuis ton rêve

Ta quête de l’amour

Inaltérable et absolu

Eternel…

 

Tu balances

Quelque part dans le ciel

Inconditionnel funambule

Marcheur de l’irréel…

Les arcs sen ciel dansent dans tes yeux

La pluie et le soleil

Vibrent dans ton regard,

Tes élans de désespoir et de tendresse…

 

Tu accroches des étoiles

Aux murs gis de cités

Tes mots dansent sur mes silences…

 

Des matins en robes roses

Se dévoilent pour t’embrasser

 

La vie scintille

Et je pose nos enfants sur tes genoux

 

 

Je t’aime et je te hais

Marchand de sable

Jeteur de poudre aux yeux…

 

Je t’aime quand tu es jaloux

Je t’aime quand tu es fou…

 

 

 

 

Espoir de femme

 

Se noyer de bruit ou de silence

Pour tenter d’oublier la désespérance

Se liquéfier dans la lucidité

Ou se noyer dans un espoir secret

Pour oublier les deuils de la vie

Pour effacer les fantômes de la nuit

 

Être consciente du manque d’indulgence

Qui même irrémédiablement au silence

Ne plus pouvoir effacer les blessures

Vivre écorchée jusqu’à la déchirure

Et pourtant encore chercher à comprendre

Cet espoir secret qui ne fait qu’attendre

Un ailleurs, un autre chemin... 

 

Un regard de cet autre qui me tend la main

Pour qui avec grâce et impudeur

Je me suis  déshabillée le cœur

Livrée à en perdre l’âme

Dans un élan de tendresse de femme.

 

Au milieu du brouillard

Des chemins qui nous séparent

Le temps tisse une trame

Et comme des fous on rame…

 

Mais s’il ne me reste que l’automne

Pour nos deux cœurs qui s’abandonnent

Je le voudrais plus flamboyant

Que les premiers jours du printemps !

Reflet

 

Ciel pur de notre étonnement

Trop tôt ou trop tard

L’oiseau lui-même s’interroge

 

La neige ne sera venue que l’espace d’un deuil

Masquer notre désarroi de son linceul

 

La flèche trajectoire a transpercé le temps

Seules encore quelques notes détiennent le secret

De sa médiatrice

Eclairs tranchants exhumeurs de mémoire

 

Notre regard printemps a modelé le monde

Notre regard automne a refermé le livre

Et au milieu du livre

Le lit tumultueux de la rivière amour

De la source à l’océan

Les torrents et les crues de nos vies confondues

 

Au ciel d’un enfant nouveau-né, myosotis bleu

S’accroche encore le regard

Cordon-ombilical de la terre matrice

 

Au de-là de l’étrange reflet

Des pierres bleuies de nos marelles

Aux briques rouges des cheminées qu’on abat

Terre qui tremble dynamitées

 

De ce ciel trop pâle, trop bleu

Yeux amoureux

Promesse d’une source nouvelle

Source de vie retrouvée

Au cœur d’une hirondelle

 

Le chant du temps vient de plus profond que nos souffles

 

Nous ne portons à nos genoux

Que les cicatrices des chutes

 

La liberté qui nous reste

On l’avoue au plus profond de nos délires

Elle creuse nos désirs en tant de geysers à venir

 

Pour laver toutes les injures

Soigner toutes les blessures

Et se savoir encore vivant !

 

 

 

YZA

COMPILATION DE POEMES D'AMOUR PERSONNELS

 

POEMES D'AMOUR
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6 juillet 2023 4 06 /07 /juillet /2023 09:59

MARTINOIRE

 

De ses plages d’herbes tendres

De ses flots d’avoines blondes

De ses marelles pierres bleues

De ses sentiers glaises et silex

Cailloux durs aux tempes des garçons chahuteurs…

 

De ses pavés parquets luisants

Glissades au coin de l’hiver

De ses repaires abris de guerre

De ses tunnels sous chemin de fer

De ses glanes d’automne

Terre durci sous l’outil arrachant

Aux sillons les derniers vestiges

D’une récolte

Pour en remplir un panier…

 

De ses cris d’artisans

Rémouleurs, chiffonniers poissonnier

Qui éveillent la rue

De ses grandes balades

De ses horizons larges

Sans traces de frontières

Juste repérable au képi du douanier

Entr’aperçu dans sa guérite…

Quand un autre pays commence

Au bout de la rue…

 

Des envols de pigeons

Aux cris des hirondelles

De ses yeux du jeudi

Ignorant la télé

De ses vielles voitures

Tableau de bord aventures

De ses sous-bois d’orties

Où cueillir les roses aux bois dormant

Pour la fête à maman…

 

De ses brassées de fleurs

Parfumant nos étés

De ce peuple d’insectes

Bruissant sous le soleil

De ses jardins secrets…

 

Ma mémoire me rappelle :

Grandir en « no men’ land »

C’est vivre en liberté

 

 

 

Londres, mai 1969

 

Mois de mai

Soleil sur la ville de Londres

A Trafalgar-square

Assis près de la fontaine

Un vieux clochard barbu, couleur muraille

Dessine sur un bout de papier son plus cher désir

Un verre de vin…

Il lève les yeux vers moi et ne dit rien

Pour quelques « shillings » il me dit ce qu’il veut.

Mais son regard semble me dire

« Et toi, c’est quoi ton rêve ? »

 

Mon rêve,

C’est ici et maintenant

Le soleil me surprend

Et tout y est magique…

 

Ville calme à la fois digne et juvénile

Pleine de tradition et en perpétuel mouvement…

La mini jupe y côtoie le chapeau melon

Les hippies croisent les « bobbies » avec le sourire

Les gens savent encore prendre le temps de sourire…

Je n’ai pas croisé un seul regard angoissé de la journée…

Est-ce le soleil ou le flegme britannique… ?

 

Je me croyais dans l’univers de « Mary Poppins »

Tout le monde avait l’air heureux de vivre

De la caissière du salon de thé

A l’homme d’affaire qui leva son parapluie pour nous saluer…

 

L’image la plus douce est celle du parc de Buckingham palace

Avec ses jardins à la française dans le quartier des ambassades à St James square

Juste un peu ouaté de brume les parterres de fleurs sont si harmonieux

Tout y est calme et volupté les canards et les moineaux viennent vous manger dans la main

C’est une vraie réserve d’oiseaux…

 

Je n’oublierais jamais comme me sont apparu grands

Ces deux pélicans qu’un gardien venait de nourrir

Et l’aile ensanglantée de l’un des deux…

Il s’était battu avec son compagnon

Pour une femelle qui attendait à l’écart…

 

Aujourd’hui mes rêves sont différents

Mais voilà, vieil homme, je me souviens de toi

Je viens seulement te dire

« j’ai aimé ta ville »

 

 

 

LE TEMPS DU BERGER

 

Tu vois, disait-il souvent

Et je ne voyais que le vent

Qui descendait la cheminée

Du feu de bois qui nous chauffait

 

Dans la vielle auberge cachée

En amont d’un petit ruisseau

Qui vers la mer s’en allait

Du côté de St Malo…

 

Tu vois, disait l’ami André

Avec sa tête de berger

Et je les voyais qui passaient

Les nomades du temps présent…

 

Ils avaient des regards très bons

Leurs gestes simples témoignaient

D’une nouvelle civilisation

Où l’inutile était absent…

 

Tu vois, me disait le berger

Avec sa barbe de mille ans

Il n’avait pourtant que vingt ans

Et ses yeux miroirs m’envoûtaient…

 

Ils vivaient tous un autre temps

Où le présent n’avait plus cours,

Leur musique avait des accents

Qui me parlaient d’étranges amours…

 

Tu vois, me disait-il souvent

Nous partagions joies et tourments

Et malgré la nudité de leurs peines

La pudeur demeurait quand même…

 

De cet univers demi-teinte

Caché au creux d’une vallée

Il me reste encore des empreintes

Et je ne peux les effacer…

 

Tu vois, disait-il souvent

Et je ne voyais que le vent

Qui dansait dans toutes les futées

Du grand jardin qui s’endormait…

 

 

 

PIERROT LE FOU

 

Il modelait dans l’argile des champs

Les masques d’horreur des naufrages

Qui crachaient des injures au vent

Les jours de torpeur et d’orage…

 

Il rêvait d’écrire des histoires

Pour abolir le désespoir

Et faire des vieux des enfants

Mettre des rires sur les tourments…

 

Il voulait bâtir un musée

Pour y garder cristallisés

Le flamboiement des soirs d’été

Et les matins d’hiver givrés…

 

Il croyait aux roues de la vie

A un monde mystique qui crie …

La mort avait des attraits pour lui

Découvertes des artificiels paradis…

 

Il avait des yeux bien trop grands

Pour un visage ravagé…

Il avait l’âme écartelée

Entre l’amour et le néant…

 

Il avait un rire de dément

Quand il voulait défier l’ennui…

Le feu avait des attraits pour lui

Bien plus fort qu’un désir d’amant !

 

On l’appelait Pierrot le fou !

Il était mon ami…

 

 

 

HAMED DORT A BISKRA

 

Hamed dort à Biskra

Dans le sable d’une dune

Sous un croissant de lune…

 

« Quand j’irais là bas, mes sœurs m’ouvriront les bras

et je pourrais embrasser leurs visages dévoilés.

Au dernier jour du ramadan, ma mère portera ses bijoux

On appellera les enfants pour les prendre contre nous

On boira du thé à la menthe on mangera des gâteaux au miel

Et puis les voisins viendront remplir de rires la maison.

Les ânes dans les rues en pente monteront à l’assaut du ciel

Et les chameaux dans les herbages se reposeront du voyage.

Quand Kaoula se mariera on mangera tous dans le même plat

Toute la nuit on dansera, chacun notre tour au son du tambour

En attachant autour des reins,

Des foulards de soie et de satin… »

 

Hamed la haine a eu raison de toi

Le racisme rend furieux

Ceux qui montrent du doigt

 

Mais moi je ne t’oublierais pas

Tu dors dans le sable d’une dune

Sous un croissant de lune

 

 

GALERIE

 

Lumière douce femme enfant

Sur le lit des champs

D’un été joyeux s’étire

Délire parfois…

RENOIR

 

Qui a pu saisir ses regards étranges

Ces silhouettes longues

Ces yeux inoubliables

Ces yeux

Qui me poursuivent

Jusqu’à l’aube de mes nuits…

Ce sont tous tes regards

MODIGLIANI

 

Tes mouvements farouches et libérateurs

Ta quête incessante d’absolu

Menant peu à peu à la folie

Ces mouvements qui caressent

Fouettent le vent…

Le vent qui me hante et chante

Parfois en moi…

Toi, le presque « pays »

VAN GHOG

 

Tu n’en finiras jamais de te noyer

Dans les cristaux de tes tableaux

Vitraux où le clown prend une allure de saint

Et le pierrot géant

Tout habillé de rêves bleus

Prend des allures de demi-dieu…

A jamais perdu dans la cathédrale de tes rêves

Souffrant et vibrant à chaque pas

Un peu comme moi…

ROUAULT

 

Déchiré, éparpillé, éclaté

Et pourtant intègre

Tellement présent

Je revois la dame aux yeux multiples

Tel un insecte

Et pourtant tellement cohérent

Je me réinvente à te regarder

Vivre sur ces toiles miroirs

A toi l’infini retrouvé…

PICASSO

 

 

Amis des rêves

Des villages au bord du chemin

Des silhouettes qui ondulent

Sur les routes entremêlées de tes rêveries

J’entre à pas comptés, à pas perdus

Sur le pastel de ces jours

D’une infinie tendresse

D’un éternel printemps

Et si je parcours les méandres

De ces sentiers imaginaires

Qui sait ?

Peut-être là bas on m’attend

Le sais-tu toi ?

CHAGALL…

 

 

ESCALES A TORD

 

Escale à tord

Qui peut dire les raisons

Qui nous poussent à faire un choix

 

Ici tout n’est pas comme chez moi

« Y a vraiment rien de plat »

Il Faut se pousser

Poser le pied

Sous terre ou dans les airs

Faut marcher, faut grimper

« Y a vraiment rien d’immobile »

Dans cette ville !

 

Des visages inconnus

Au bout de l’avenue

Des visages géants

Projetés sur grand écran

 

Mon cœur est comme ces arbres

Aux branches et aux troncs gris

Qui gardent de l’été

Quelques fruits rabougris…

 

Au milieu du décor

Escalator

Escale à tord

 

Il y a une frontière là bas

Qui se rit des roues

En prenant des couleurs

Qui dansent avec la mort

En habit de carnaval…

 

Je m’y promène encore

Et puis quand je m’ennuie

Je prends l’Escalator…

 

 

LE CLOWN ET LA FUNAMBULE

 

Le clown arrive encore une fois

Sur la piste baignée de lumière

De ce spectacle il est le roi

Avec ses gestes et sa misère

 

La forêt restée au vestiaire

L’attend pour mieux le dévorer

Mais pour l’instant dans la lumière

Il voudrait juste l’oublier

 

La funambule sa sœur son amie

Marche là haut sur son nuage

Et parfois des yeux il la suit

Tremblant de peur pour son jeune âge !

 

La funambule danse en silence

Oubliant qu’elle pourrait tomber

Et vers l’autre planche, elle s’avance

Avec grâce et légèreté

 

Elle vit son rêve de porcelaine

Perdue sur un fil bleuté

Chassant son angoisse et sa peine

Son âme vibre à éclater.

 

Le clown voudrait tant l’appeler

Mais il ne peut rien faire pour elle

Car le spectacle est commencé

Car sa danse est bien la plus belle

Et le clown ne peut que trembler

Pour sa moitié d’âme qui plane

Mais elle continue à danser

Même si elle sait qu’elle se damne !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE VOYAGEUR

 

Il vendait des bijoux

En or à quatre sous

Portait autour du cou

Un symbole bizarre…

 

Il voyageait, aéroports ou gares

Et sa voix douce flottait sur sa guitare…

 

Il venait de nulle part

Il n’avait pas d’histoire

Et ses chansons ne parlaient pas de gloire…

 

Il roulait son tabac sur sa cuisse

Portait des cheveux longs et lisses

Parfois ses yeux se fixaient sur ailleurs

Se tournaient vers son aventure intérieure…

 

Il menait sa vie

Comme on cueille un fruit

Selon la couleur et l’envie…

 

 

 

 

 

L’HOMME DE POUSSIERE

 

Il arrivait tout droit de son lopin de terre

Il avait dans les yeux ses souvenirs tranquilles

Les secrets du ruisseau et des champs de bruyères

Mais qu’ont- ils fait de lui tous les fous de la ville ?

 

Il avait dans le cœur des espoirs fragiles

Et il voulait juste oublier sa misère

Son village brûlé par des guerres imbéciles

Que mènent ici bas les tyrans de la terre.

 

Il a laissé derrière ses souvenirs limpides

Mais on tire devant lui des rideaux de poussière,

Il voit dans les vitrines son visage livide,

On le laisse s’éblouir de toutes ces lumières…

 

Demain il sera là assis au même banc

Que d’autres étrangers déjà un peu ses frères

A regarder passer une foule de gens

Qui vont et viennent, sans joie et sans colère…

 

Jusqu’à quand gardera-t-il

Cet espoir docile

Que lui avaient donné les lumières de la ville ?

 

Il avait dans les yeux des souvenirs tranquilles

Qu’ont brisé les bombes d’une armée en furie

Il avait dans le cœur des espoirs fragiles

Mais que peut lui offrir la ville et sa folie !

 

 

 

L’HOMME FATIGUE

 

Un homme brun hier soir

A pleuré sur mes mains

M’a ouvert sa mémoire

Tout en m’offrant demain…

 

Cet homme avait si peur

Le temps coulait entre ses doigts

Sans qu’il puisse en retenir le bonheur

Qu’il voulait modeler pour moi…

 

E t c’est moi qui ai pris

Son visage dans mes mains

Et c’est moi qui ai dit

Les mots qui font du bien…

 

Et cet homme fatigué

De lutter à contre vent

A posé son épée

Pour oublier un instant

La torture du temps.

 

 

 

 

 

 

 

L’homme qui s’envole

 

Imagine un homme qui s’endort doucement

Pour toujours

 

Il file droit vers l’horizon

Il a les ailes d’un géant

Traverse tous les ouragans

Il voit tous les continents

Et il file, et il file, et il file…

 

Il perd la notion du temps

Il touche le soleil levant

Il file droit vers la lumière

Oublie toutes les frontières

Oublie les dieux les démons

Et trouve d’autres horizons…

 

Imagine un homme qui s’endort doucement

Pour toujours…

 

Il tire sur une corde d’argent

La brise dans un éclat de rire

Il rêve jusqu’au délire

Se trouve les ailes d’un géant

Ignore le jour et la nuit

Découvre d’autres galaxies

 

Et il file, et il file, et il file…

 

 

 

LE FILS DE SIMON

 

Le fils de Simon

Assis en haut du perron

Regarde passer les saisons

Puis s’en va jouer à la marelle

Et saute à pied joint dans le ciel…

 

Parfois en fermant les yeux

Il se dit que s’il y a un dieu

Il ne faut pas lui donner de nom

C’est le même pour les durs et pour les bons

Il se dit que s’il y a un dieu

Un jour, il le regardera dans les yeux

Comme on regarde le soleil

Toutes les choses qui émerveillent…

 

Le fils de Simon

Jette un caillou du haut d’un pont

Dans l’eau le caillou fait des ronds

Des ronds comme font tous les enfants…

 

Il se dit qu’il est heureux

De vivre avec ses parents

D’autres là-bas vivent en guerre

D’autres là bas vivent sous terre…

 

Fille de l’Inde cueillant le thé
fils du Pérou chevrier

Fille du Mali jeune épousée

Fils du Tchad guerrier…

 

Le fils de Simon

Regarde passer les saisons

Puis s’en va jouer à la marelle

Et saute à pied joint dans le ciel…

 

 

 

L’HOMME A COTE DE MOI

 

Il garde dans les yeux

La solitude du passé

De ses temps de l’enfance

Où toute absence vous est offense…

 

Il sait depuis longtemps

Les nuages des miens,

Les différences

Pourtant il ne dit rien…

 

Et quand je pars trop loin

Il le sait avant moi

Et quand je ne suis plus rien

C’est lui qui m’ouvre les bras…

 

Le temps nous as vu si fragiles

Traverser des orages difficiles

Il nous retrouve si semblables

Pétris d’une force redoutable.

 

 

MES AMIS

 

Quand on leur coupe tous les compteurs

Ils vivent sur le capital cœur

Ils savent qu’au printemps des hommes en noir

Viendront mettre leur lit sur le trottoir...

 

Malgré tous les diseurs, les sermons

Ils n’ont jamais su garder un rond

Et quand ils en ont c’est la fête

C’est aux amis qu’ils payent leurs dettes…

 

Ils vivent une éternelle adolescence

Entre la déprime et l’inconscience…

 

Mais il n’y a de mots plus sacrés

Pour eux que «gosses et amitié ».

 

Ces deux mots justifient tout

Parfois même devenir des loups

Mais quand on vit en marginal

On se crée sa propre morale…

 

Et quand ils flambent qu’ils me font peur

Ils me disent «t’embête pas petite sœur !»

Ce sont mes amis mes frangins

Avec eux y’a pas de chagrin

 

Je les regarde sans les juger

Je ne veux que les aimer.

 

 

 

 

 

BILAN

 

Après les moissons piétinées

Les murs lézardés

Les remparts ébranlés

Les tranchées bombardées

Les pavés arrachés

Les barricades renversées

Les gaz retombés

Les canons refroidis

Les avions repartis

Les fusils retournés

Les casques abandonnés

Les chars retraités

Les drapeaux déchirés

Les morts sont enterrés

Les blessés béquillés

Les héros décorés

Les monuments dressés

Les veuves consolées

Les orphelins costumés….

 

On peut se réinstaller dans la Paix… ! ?

 

 

 

 

Le danseur

 

(A Jorge Don)

 

Le miroir t’invente les traits des épousailles

 

Orphée ne te retourne pas !

Marche !

Fragile !

Torturé !

Impétueux…

Clown digne et grave

Empêtré entravé par l’aveugle immonde

 

Danse contre le monde

La lumière t’embrasse…

Tu seras l’oiseau bleu

Non, Nijinski n’est pas mort,

 

Il dort

 

Tu l’éveilleras…

 

 

 

 

A l’absent

 

Mes mains caressent ton ombre

Comme l’oiseau caresse le nuage

Encore une fois ton regard m’échappe

Il dort comme l’opale

De la mer au couchant

Mon corps se remodèle

A l’empreinte que tu laisses en moi

 

Et je me couche en animal

J’hiberne de toi.

 

 

 

 

Vivre

 

Refuser la loi des moteurs

Courir marcher pédaler

Respirer bouger son cœur

Dans la lumière de l’été

Ou dans la neige de janvier

Savoir s’accrocher à la barre

Vouloir bouger face au miroir

Sur la musique danser des heures

Et sentir ruisseler la sueur

Aller plus loin sans avoir peur

Dans la quête du bonheur

 

VIVRE !!

 

 

L’ange

 

Viens maintenait et à jamais

Mon amour

Fais vivre ton désert mourant

Par la pluie

Et laisse ta vie sacrée

A la mémoire de tes peines

Libère toi de tout

 

Et tu pourras vivre mon amour

Et voir les étoiles

Enchanter tes nuits de veille

 

Et tu retrouveras le soleil

Et le sens magique de sa lumière

N’aie pas peur de te lever

Et de voler, quitte à tomber

Tu pourras voler

 

Et je pourrais vivre, mon amour

Et tu trouveras ton refuge dans mes yeux

Et si tu as peur de tomber

Prends ma main

 

Et tu pourras voler

 

 

Les bateaux

 

Près du canal à l’arrière du port

Vivait un monde rythmé par les efforts

Dockers, marins, grutiers…

C’est là que j’ai grandi dans les bruits des chantiers

Mon père y travaillait avant que ses mains ne tremblent

Les hommes y construisaient des bateaux tous ensemble

 

Leurs coques blanches et bleues miroitaient

Au soleil du printemps quand on les emmenait

Voiliers et chalutiers épousaient l’océan

Voyageurs de l’été ou bouffeurs de gros temps…

 

Sur la plage là bas, sur les côtes du nord

Des bateaux se reposent certains disent qu’ils sont morts

Leur coque est vermoulue ils n’ont plus de couleur

Le temps les a rompu et rongé jusqu’au cœur

 

Et ils dorment tranquilles étendus sur le flanc

Se laissent caresser au bon gré des courants

Je sais qu’ils portent en eux la mémoire des hommes

De ces moments silencieux mer d’huile calme comme

Un étang de Sologne

Ou de ses rugissants du sud de l’atlantique

Des peurs bleues aux instants où tout semble tragique…

 

Du bateau que l’on fait au bateau qui s’endort

Les hommes ont rêvé à des îles aux trésors

Ils ont fermé les yeux devant tant de décors

Ont suivi l’oiseau bleu et s’en souvienne encore

 

Même quand le bateau est mort

Jusqu’à leur propre mort…

 

 

FEMMES DU PEROU

 

Elles ne sont pas voilées

Mais elles détournent le visage

Une photo pour elle porte trop de messages…

 

La soupe fume dès le matin

A l’arrivée du train…

 

Rondes futures mamans

Elles passent la frontière

Puis s’allègent au tournant

Habiles contrebandières

De couvertures en laines de lamas

Ornées de motifs incas... 

 

Elles étaient les dernières

Étaient -elles prisonnières ?

Était -ce leur volonté ?

Il n’y avait que des femmes

À Matchu-Pitchu…

 

Superbes regards sombres

Vos mains jamais ne tremblent

Elles suivent la route du soleil…

Un condor passe dans le ciel…

 

Qui peut dire quelle est la prière

De cette femme au milieu du chemin

Silencieuse, immobile, sans chagrin,

En communion avec la terre…

 

Femmes porteuses de mystères…

Étranges et insondables lumières…

 

 

La musique que j’aime

 

La musique que j’aime est une voix amie

Elle s’endort dans mon oreille les doigts posés sur ma mémoire

 

Alan fait surgir le ruisseau clair qui gambade jusqu’à la mer

quelque part passe une frontière entre la France et son pays

Mémoire de roc celtique et j’en ai passé la barrière…

 

Sur la samba je plonge dans la baie de Rio

Les tramways surchauffés montent jusqu’aux favelas

Une guitare prend des accords

Sur la chanterelle de mon cœur

Je plonge au cœur du Brésil…

 

Jean-Jacques sur son bateau de bois noir

Mange du poisson de la tortue

Arrive chez les Jivaros qui vivent nus

Au bord du grand fleuve boueux

Et leur musique percussion

Attire toute son attention

Bien loin de la flûte des Andes

Leurs bouts de bois creux résonnent

Chant obscur de l’Amazone…

 

Un violon me parle de l’Acadie

Les cuillères sautent sur mes genoux

Bob m’avait parlé de là-bas

Des indiens blonds du canada

Et des forêts de l’Alaska…

 

La musique que j’aime

Coule en mon âme comme un poème !

 

 

 

FETES

 

On a lavé les verres

Vidé les cendriers

Et sur un coin d’hiver

Refermé les volets

 

Tout le monde est parti

On s’endort sur la nuit…

 

Quand la fête est finie

L’espace devient grand

Comme une église vide

Pour les yeux d’un enfant…

 

Mes fêtes à moi

Quand revient le silence

Le passé de mes joies

Su les routes de France

C’est des visages flous

Dansant dans les remous

Des vagues de la mémoire…

 

Des dessins sur le sol

Pour une maigre obole

Des émaux, des bijoux

Que l’on vend quatre sous…

 

Une fille qui danse

En robe de gitane

Autour d’un feu de bois…

 

Quand on vit ce qu’on pense

Contre ceux qui condamne

Jusqu’aux bouts de nos joies…

 

C’était des flûtes indiennes

Et de vieux tambourins

On oubliait nos peines

On vivait sans chagrin…

 

La mer et les étoiles

Vivaient dans nos chansons

On hissait la grand voile

Tout droit vers l’horizon…

Et mes fêtes au passé

Se couchent sur le papier

Papillons enlacés…

 

YZA

"A SILENCE ROMPU"

autoédition 1986

 

 

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22 juin 2023 4 22 /06 /juin /2023 19:46

SUZANNE WAREN et sa généalogie.

 

J’ai appris aujourd’hui que mon arrière grand mère avait des ancêtres illustres dans la région…

Baillis et Seigneurs de communes comme Neuville en Ferrain ou Flers.

Elle était couturière et aimait chanter.

Cependant elle est décédée à 26 ans sous les coups de son conjoint

qui, lui, a finit ses jours au bagne de Cayenne en Guyane.

La coïncidence c’est que ma mère, Simone, sa petite fille, est née le jour anniversaire de sa mort.

Le 15 mai !

 

 

Léopoldine ma Grand-mère

Léopoldine ma Grand-mère

Simone ma maman

Simone ma maman

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16 juin 2023 5 16 /06 /juin /2023 19:40

Balade

 

la rue en pente douce entraîne ma marche hésitante

l’espace s’ouvre à l’angle de la rangée de maison

les pâquerettes couvrent les pelouses des résidences

où les prunus ont fini de fleurir

la glycine prodigue ses grappes bleues et mauves

et la maison derrière elle se couvre de bois

l’ancienne voie ferrée m’offre son escalier

et s’impose le calme et la fraîcheur du chemin

les arbres ont été préservés et offrent leur fraîcheur

leur ramure filtre les bruits de la ville

même quand passe le tramway

je n’entends que les chants d’oiseaux

à gauche avant le pont je descend l’escalier de métal

je passe sous le pont qui continue la voie verte

la pente douce du grand boulevard

me fait passer d’une ville à l’autre

je regarde les grandes maisons de l’autre côté

tandis que la piste cyclable accueille

les coureurs à pieds les coureurs à vélo

les promeneurs de chiens

les promeneurs d’enfants

qui crient pour qu’ils ne s’éloignent pas trop vite

je regarde les transformations des façades et

les entrées des impasses faites pour accueillir

les nouvelles habitations créées au vingt et unième siècle

je me souviens des gens que j’ai connu et qui habitaient là

du champs de fleurs de l’horticultrice

qui vendait ces fleurs devant l’église St Christophe à Tourcoing

je voyais ce champs de la fenêtre de ma chambre

couvert de cytises où de dahlias

de même que les grands arbres qui le bordaient

aujourd’hui l’espace est morcelé par les haies

qui bordent les jardins des nouvelles maisons.

En haut du boulevard je rentre dans le domaine

d’un ancien château, lotis lui aussi

il reste du parc initial deux fontaines à sec

et entre les deux un chemin traçait

par les pas de l’homme et traverse une clairière

suivi d’un chemin chaotique qui longe

les jardins des nouvelles maisons

et je rentre dans le domaine du végétal

du mystère révélé d’un monde oublié

où tout n’est que jeu de lumière entre les feuilles

nécessité de se baisser pour éviter les branches

avancer à pas compter pour ne pas

glisser sur les racines, ne pas tomber dans des trous

creusaient par les souches décomposées

retour momentané à l’aspect d’une forêt primaire

au bout revient la lumière sous les branches d’un érable

là je respire et je danse avec la mythologie des animaux

du bestiaire chinois et sa gymnastique bienfaitrice.

Je reprends mon chemin parce que tout ce qui fut

libre autrefois comme l’accès à l’île qui existe

enfermée au milieu d’un étang m’est inaccessible

je salue les canards du regard et je continue ma route

je longe les jardinets fleuris des plantes de saison

tandis qu’au pieds des arbres de la rue restent

les vestiges de la floraison des jonquilles.

Je rentre par la rue du vert près

chemin de terre rouge avec ses nids de poules

que l’adjoint au maire qui habite au bout

fait remplis de cailloux plusieurs fois par an.

Monte à mes narines les odeurs des fleurs

des jardins cachés derrière les hais qui le bordent

et je regarde pousser la vigne qui les prolonge

elle sentira le muscat en septembre

la dernière portion du chemin est bitumée

mais là aussi reste des fleurs à voir

qui doublent les haies au bord de la rue

pour éviter que les voitures ne s’y garent

je croise mes voisins et les salue

en cherchant les clefs au fond de ma poche.

 

YZA le 16/06/2023

 

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16 juin 2023 5 16 /06 /juin /2023 16:38

la Seine vue de la Tour Eiffel

La rance au port de Dinan

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l'Indrois à Chédigny

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Canal de Tourcoing

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canal de Bruges

canal de Bruges

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